Kaol Kozh, la semence maison
L’association de producteurs Kaol Kozh sensibilise les chefs rennais à son combat pour la diffusion des semences paysannes.
Des légumes de saison, des épices et un barbecue. Quand elle reçoit les chefs des Darons, Bercail et Origines au potager, Kaol Kozh cuisine en toute simplicité. Une botte à la Prévalaye, l’autre à Roscoff, l’association préfère la rencontre aux longs discours. Comme ce lundi 19 septembre, à Vieux-Ville.
Non-hybride
Constituée de maraîchers et jardiniers, Kaol Kozh défend le droit ancestral des paysans à produire leurs propres semences, des graines reproductibles et libres de droit, adaptées au terroir.
Figure bien connue du marché des Lices, Annie Bertin le fait déjà pour son maïs doux, ses oignons et ses courgettes. Un cas rare dans le paysage agricole local. « Il faut du temps pour produire ses graines à partir de ses légumes, reconnaît Gurvan Pellerin, responsable de l’antenne rennaise. Ce n’est pas très compliqué mais le savoir-faire se perd quand même. Acheter des graines hybrides à fort rendement sur catalogue est plus confortable, plus rassurant. Sans compter le lobbying commercial des gros semenciers ; très puissant ».
Au sein de l’association, les agriculteurs s’échangent des semences et des astuces techniques pour faire les choses bien. En jeu, l’autonomie de leurs fermes. « En produisant mes propres graines, j’économise environ 6 000 €. Je libère du temps en modifiant mon organisation de travail ».
Une histoire de valeur
Dans la balance, il y a la souveraineté alimentaire et le goût. Mais pas seulement. « J’ai le pouvoir de décider à qui je donne mon argent, explique Romain Joly, aux fourneaux d’Origines. Je préfère financer l’agriculture paysanne locale que l’agrobusiness. L’alimentation est vecteur de valeurs autant que de plaisirs ».
À la ferme de Vieux Ville, Kaol Kozh cultive des planches et une grande serre en guise de vitrine pédagogique. Elle constitue des stocks des graines de tomates, concombres, aubergines et haricots qu’elle distribuera gratuitement aux jardiniers rennais à partir de cet hiver. Lesquelles deviendront paysannes dès lors qu’ils feront de même.
Olivier Brovelli