Terres de sources : le débat de l'eau

Environnement
terres de sources

En assurant des débouchés aux agriculteurs qui s’engagent à mettre la préservation de l’eau au cœur de leur système de production, le projet Terres de sources entend bien mettre la question de l’alimentation durable au centre des assiettes métropolitaines.

Initié en 2015 avec la Ville de Rennes, puis finalisé deux ans plus tard avec 15 communes de Rennes Métropole, le projet Terres de sources fédère aujourd’hui une quarantaine d’exploitations disséminées dans le Pays de Rennes et sur ses bassins versants. Il serait exagéré de dire que la goutte d’eau est devenu un océan, mais l’initiative portée par l’Eau du bassin rennais ruisselle déjà sur l’ensemble du territoire. 

Commande publique et marchés grand public

Assurer des débouchés et des prix rémunérateurs aux agriculteurs s’engageant à préserver l’eau et à faire évoluer leurs systèmes de productions vers plus de durabilité : l’idée coulait de source mais il fallait y penser ! « Outre les dotations financières, nous disposons de deux leviers pour agir, pose Daniel Helle, le coordinateur du projet. Celui de la commande publique et celui des marchés grand public, telles que les grandes surfaces. » Par le biais des contrats publics, les productions « Terres de sources » peuvent être orientées vers les cuisines de restauration collective.

Le problème aujourd’hui est que l’approche localiste est prohibée par la législation européenne, qui nous interdit de cibler une aire géographique particulière dans les appels d’offre.

Daniel Helle, coordinateur du projet Terres de sources

Le savez-vous ?

Aujourd’hui dans les cantines, les petits Rennais consomment déjà de nombreux produits Terres de sources : des produits laitiers ou carnés (porc, bœuf, agneau…), des fruits et légumes, mais aussi la farine servant à concocter les incontournables galettes. À terme, l’objectif est d’atteindre la barre de 15 % de produits labelisés dans les menus.

Outre les cantines, les rayons de grande surface figurent un second débouché de choix : « les produits sont vendus avec le label Terres de sources. Pour le consommateur, cela offre plusieurs garanties : sur l’origine locale des denrées, la juste rémunération des producteurs ou encore le respect de l’environnement… »

Terres de sources veut trouver sa place dans les rayons des supermarchés (A.Loubry)
Terres de sources veut trouver sa place dans les rayons des supermarchés ( A.Loubry)

Raisonner en filière, du champ à l’assiette

« L’objectif final de Terres de sources est de développer des filières de production entières, de la production au stockage en passant par la transformation. » Exemple ô combien emblématique de la Bretagne : le blé noir, pourtant majoritairement importé des pays de l’Est, de Chine ou du Canada. « Le sarrasin ne nécessite aucun phyto, mais ses rendements sont aléatoires, car très sensibles aux aléas météorologiques. Quoiqu’il en soit, plusieurs meuniers se sont engagés dans sa production. » 

En tout, une quarantaine de producteurs se sont déjà lancés dans l'aventure Terres de sources, et le chiffre devrait rapidement atteindre la soixantaine.

Agriculteur à Gahard exploitant une partie du lait de ses vaches pour la fabrication de glace fermière biologique. Impliqué dans Terre de Sources.
Agriculteur, David Duguépéroux exploite une partie de son lait pour la fabrication de glaces fermières biologiques. labelisées Terre de Sources (A.Loubry)

Et l’agriculteur, comment peut-il agir pour protéger l’eau ? « En proscrivant les phytos bien sûr, mais aussi en allongeant la durée des rotations. Une culture trop intensive génère des mauvaises herbes, des insectes parasites, des champignons… » Tout au bout de la chaine, le consommateur est lui aussi concerné : « c’est l’ensemble de notre régime alimentaire qu’il faut faire évoluer : manger moins de viande, augmenter le pourcentages de légumineuses, et de fruits et légumes… Nous faisons tout un travail de sensibilisation auprès du public, en lien avec des structures à vocation pédagogique comme le P’tit Blosneur, les Cols verts ou encore le jardin des Mille pas. »

Aujourd’hui, le contexte économique de l’agriculture est celui de la spécialisation des territoires : l’élevage et la production de lait en Bretagne, les céréales dans la Beauce… Il faut revenir à plus de diversification. De même, concernant l’alimentation animale, pourquoi ne pas développer localement la production de lupin, ou de pois bocagers, au lieu d’importer du soja d’Amérique du sud ?

Daniel Helle

Assuré de mieux gagner sa vie, l’agriculteur impliqué dans l’aventure y trouve également l’occasion de se reconnecter à son territoire. Et de soigner son image, en même temps que le paysage.

Jean-Baptiste Gandon

Sources et ressources

  • Retrouvez toutes les informations sur le dispositif Terres de sources sur le site Eau du bassin rennais
  • Des questions à poser sur la politique métropolitaine en matière d'agriculture et d'alimentation ? Contactez votre élu Yannick Nadesan (y.nadesan@ville-rennes.fr)