20,6 M€ pour le projet rennais "Terres de sources"

Environnement
David Duguépéroux, agriculteur bio et producteur de glaces à Gahard, adhérent à Terres de Sources
David Duguépéroux, agriculteur bio et producteur de glaces à Gahard, espère valoriser ses produits grâce à la marque Terres de Sources (Arnaud Loubry)

La nouvelle est tombée le 13 septembre: Terres de Sources, projet de transition agricole et écologique initié par Eau du Bassin Rennais, est l'un des 20 lauréats de l'appel à projets national " Territoires d'innovation et de grande ambition". À la clef, une enveloppe exceptionnelle de 20,6 millions d'euros pour renforcer la protection de la ressource en eau et développer de nouvelles filières agricoles et alimentaires. Retour sur une expérience inédite.

Pas de traitements antibiotiques préventifs sur les animaux d'élevage, pas d'OGM ni d'huile de palme dans leur alimentation, interdiction de certains pesticides, fertilisation raisonnée… Sur sa ferme de 100 ha située à Gahard, à une trentaine de kilomètres au nord de Rennes, David Duguépéroux respecte sans difficulté les bonnes pratiques exigées par Terres de Sources, la marque que vient de lancer Eau du bassin rennais. "Nous sommes en production bio depuis 2010, nous allons bien au-delà des critères requis pour l'intégrer", souligne l'agriculteur.

Objectif de cette marque 100% locale: valoriser les produits des agriculteurs - bio et conventionnels - qui s'engagent pour la protection de l'eau sur le territoire en changeant leurs pratiques agricoles. Mais aussi inciter les consommateurs à "acheter local" et à modifier leur comportement alimentaire. Une démarche en faveur d'"une agriculture écologiquement  responsable et socialement équitable qui protège nos ressources en eau" résume le slogan de Terres de Sources.

La marque Terres de Sources
Terres de Sources veut trouver sa place dans les rayons des distributeurs. (Arnaud Loubry)

20,6 millions d'aides jusqu'en 2028

Cette initiative vient de recevoir le 13 septembre 2019 un coup de pouce substantiel du programme national Territoires d'innovation et de grande ambition  (TIGA): 20,6 millions d'euros d'aides, d'ici à 2028, seront débloqués pour accompagner les agriculteurs et soutenir le développement de nouvelles filières locales à travers cette marque toute nouvelle. 

Car tout reste à faire. Deux à trois mille exploitants agricoles du territoire pourraient rejoindre Terres de Sources. Ils sont aujourd'hui une dizaine, à l'image de David Duguépéroux qui produit des glaces et sorbets bio avec le lait de ses vaches montbéliardes. Déjà présent dans des magasins bio, des épiceries locales, des sites touristiques et des cantines scolaires, il espère trouver de nouveaux débouchés commerciaux pour ses produits grâce à cette marque, portée par un gestionnaire public de l'eau. 

Un consommateur dans les rayons d'un magasin
Pour que la marque décolle, il faut aussi convaincre les consommateurs locaux. (Christophe Le Dévéhat)

"S'engager dans une démarche de progrès"

Pour prétendre à la labellisation de la marque, "les agriculteurs doivent engager leur système de production dans une démarche de progrès, contrôlée par l'organisme Ecocert", explique Daniel Helle, coordinateur de Terres de Sources à Eau du bassin rennais. "Ce qu'on attend d'eux: une baisse de la consommation des phytosanitaires, une plus grande rotation des cultures, des productions nouvelles  grâce au développement de filières locales comme le blé noir, les lentilles ou les haricots." 
 
Pour que la marque décolle vraiment, il faut aussi convaincre les distributeurs - une petite demi-douzaine pour l'instant - de commercialiser les produits estampillés Terres de Sources dans leurs rayons. Et que les consommateurs locaux veuillent bien les acheter "à un juste prix pour les agriculteurs". Pas si simple. Mais pour Laurent Géneau, c'est tout l'enjeu de Terres de Sources: "Devenir une marque qui a valeur de label de qualité". Le défi est lancé!
Vincent Ménard
 

Un marché gagnant-gagnant avec les agriculteurs

Eau du bassin rennais n'en est pas à son coup d'essai pour préserver la qualité de l'eau sur son territoire. "Nous proposons depuis trois ans aux exploitants situés sur nos aires de captages de s'engager sur de bonnes pratiques agricoles afin de réduire leur impact sur la qualité de l'eau" explique Laurent Géneau, directeur d'Eau du bassin rennais. 

"En contrepartie, nous leur donnons accès à la fourniture des cantines scolaires d'une quinzaine de communes de la métropole ". Parmi celles-ci, on compte Rennes, Bruz, Chartres, Betton, L'Hermitage, etc., qui achètent laitages, viande et autres produits à une vingtaine de producteurs estampillés Terres de Sources. Ceci grâce à un marché public inédit

Terres de sources prend aujourd'hui une nouvelle dimension. "Ce qui était jusqu'à présent uniquement un label devient aussi une véritable marque qui ambitionne de valoriser  les produits d'un plus grand nombre de producteurs locaux" poursuit Laurent Géneau. "Nous espérons en avoir quelques dizaines à la fin de l'année et environ 700 d'ici dix ans" sur les quelque 2000 à 3000 exploitations situées sur les bassins versants et dans le pays rennais.  

Changement des pratiques agricoles, changement des comportements alimentaires, réduction de l'impact environnemental… Pour Yannick Nadesan, président d'Eau du bassin rennais, "cette initiative envisage la protection de l'eau comme un levier économique pour la transition écologique".
V.M.