Rennes recycle ses ordinateurs avec Envie 35

Économie et emploi
3 techniciens d'Envie 35 devant des ordinateurs
Dans les ateliers, les ordinateurs sont bichonnés par les techniciens d'Envie 35 (Stéphanie Priou)

Donner une seconde vie à du matériel obsolète tout en favorisant l’insertion professionnelle et la solidarité : c’est l’objet du partenariat entre Rennes Métropole, la Ville de Rennes et Envie 35 pour la collecte et le recyclage de matériels informatiques. Une expérimentation lancée en avril 2017 qui vient de se conclure par la signature d'une charte.

Le magasin d’Envie 35, rue de la Donelière à Rennes, n’a rien à envier à la grande distribution. Les fours, réfrigérateurs, l’électroménager ou le matériel informatique présentés en rayon, s’ils ne sont pas du dernier cri, sont aussi rutilants que ceux des grandes enseignes. Pourtant, ici, tout est de seconde main. Chaque jour, les équipes d’Envie Transport se déplacent dans les déchèteries, les grands magasins ou chez les particuliers pour récupérer les appareils électroménagers usagés ou invendus. Diagnostiqués, réparés, contrôlés en atelier, ils sont ensuite remis en vente en magasin.

1 000 ordinateurs récupérés depuis avril 2017

Depuis 2017, on y trouve désormais du matériel informatique provenant de la Métropole et de la ville de Rennes. Chaque année, ce sont près de 600 ordinateurs qui sortent du parc de ces deux collectivités. Plutôt que de les mettre au rebut, celles-ci ont conclu il y a près d’un an un partenariat d’expérimentation avec l’entreprise d’insertion Ressource T à Rennes, pour donner une seconde vie à ces ordinateurs (1). Entre avril 2017 et décembre 2018, 1 000 ordinateurs et 300 écrans ont ainsi été cédés par Rennes Métropole et la Ville de Rennes, avec un taux de réemploi du matériel de 40 %.

Révision d'un ordinateur par un technicien d'Envie 35
Les ordinateurs sont révisés et garantis un an (Didier Gouray)

Dans leur atelier aménagé au fond du magasin, Anthony Dumesnil, technicien informatique, et Franck, en contrat d’insertion, travaillent ainsi depuis un an à la remise en état de ces ordinateurs.  «  Nous faisons le tri dans ce qui peut être réparé ou non, récupérons les barrettes de mémoire et autres pièces sur ceux qui ne seront pas gardés. Les trois quarts des ordinateurs sont fonctionnels. Nous effaçons les disques durs via un logiciel spécifique et réinstallons un système d’exploitation, Windows 10 ou Linux. Un certificat d’effacement est fourni à la collectivité donatrice pour lui assurer que les ordinateurs ne contiennent plus aucune de ses données », explique Anthony D'autres structures donnent également du matériel informatique à reconditionner (la Caf, la Mutualité française, la Carsat, la MBA, etc.)

Réduire la fracture numérique

L’association respecte à la fois les normes Iso 9001 (qualité), 14001 (environnement) et OHSAS 18001 (sécurité). « Nous avons un professionnalisme à tenir sur la garantie et sur les produits, assure David Wantiez, directeur réemploi chez Envie 35. Même si la principale motivation de nos clients est de réaliser des économies, nous devons faire de la qualité. Chaque ordinateur bénéficie d’une garantie d’un an. »

L’autre intérêt de cette démarche d’économie circulaire est l’aspect économique et social. « Les ordinateurs reconditionnés sont revendus à très bas coût : à partir de 89 € en magasin pour le grand public et de 50 € sur prescription auprès des bénéficiaires des minima sociaux », ajoute Julie Biron, chargée de développement de ce projet à Envie 35. En 2018, 150 personnes ont ainsi bénéficié d'un ordinateur sur prescription du CCAS. «Ces personnes y trouvent tous les logiciels nécessaires à l’usage bureautique et à la navigation sur Internet pour la recherche d’emploi par exemple. Nous accompagnons les novices dans les premières utilisations. C’est une manière aussi de lutter contre la fracture numérique. »

Impact environnemental et sociétal

Pour Rennes Métropole, ce type d’initiative est aussi un moyen de soutenir l’économie sociale et solidaire, qui représente 12,7 % de l’emploi sur le territoire. « Ces nouvelles activités créent de nouveaux emplois ou en consolident d’autres, des emplois locaux et non délocalisables, souligne Nathalie Wright, chargée de mission Économie sociale et solidaire à Rennes Métropole. Il en va aussi de notre responsabilité sociétale : au lieu de vendre notre équipement à une société qui va l’amener à l’autre bout de la planète, nous préférons qu’il soit reconditionné en local, pour un meilleur impact environnemental, et pour que ce conditionnement crée de l’activité pour les personnes éloignées de l’emploi. C’est notre responsabilité de donner l’exemple. »

Cette expérimentation vient de se conclure, mercredi 10 avril, par la signature d'une charte de reconditionnement, qui pérennise le dispositif.

(1) : Ressource T regroupe les activités des trois entreprises d’insertion du réseau Envie (Envie Transport Bretagne, Envie 35 et Envie 2E Recyclage Bretagne), qui emploient des personnes éloignées de l’emploi.