Réchauffement climatique : Rennes à +4 °C, comment s'adapter?
La question brûle les lèvres : le territoire rennais est-il préparé au réchauffement climatique ? Et plus précisément à ce scénario catastrophe qui prévoit 4 °C supplémentaires d’ici à la fin du siècle ? À l’occasion de la Conférence Locale du Climat 2024, organisée par Rennes Métropole le 16 avril 2024 au Couvent des Jacobins, l’atelier Grand format a exploré les ressources du territoire pour faire face au pire.
Il y a urgence, le terme est lâché. L’enjeu : s’adapter au changement climatique, d’après le scénario le plus pessimiste mais réaliste du GIEC, d’un réchauffement de 4 °C en 2100. « On a déjà changé de climat ! », contextualise Vincent Dubreuil, professeur de géographie à l’Université Rennes 2 et co-président du Haut Conseil Breton pour le Climat.
Déjà +1,6°C depuis les années 1950 et bientôt « un climat méditerranéen » dans la capitale bretonne à l’horizon 2040-2050 : des jours chauds multipliés par trois, des records de chaleur dépassant les 45 °C, des nuits tropicales (températures ne descendant pas sous les 20°C) en centre-ville de Rennes elles aussi multipliées par deux ou trois et par conséquent, des problèmes de sommeil et de santé. En résumé : les étés seront de plus en plus chauds et secs et les précipitations plus nombreuses l’hiver que l’été.
« On a de quoi être éco-anxieux mais on a, à notre portée, toutes les solutions. Il faut mobiliser tous les outils que nous possédons ! »
L'affaire de tous
« On va être en situation de vulnérabilité si on a des hivers secs (à répétition). Sinon, on peut reconquérir nos stocks d’eau pendant l’hiver et faire face aux étés sévères », souligne le directeur de Collectivité Eau du Bassin Rennais, Laurent Géneau. Ce qui reste toutefois insuffisant face à la crise attendue.
Modification des pratiques agricoles, baisse de la consommation d’eau des particuliers, des acteurs économiques et des collectivités du territoire... Ou encore désherbage, récupération des eaux de pluie, installation de toilettes sèches sont quelques exemples de solutions cités lors de la Conférence.
Morgan Berthelot, cidrière à Bédée, ressent sur son activité les conséquences du règlement climatique et a déjà entamé une démarche en faveur du changement :« C’est penser à des machines qui consomment moins d’eau mais aussi à des variétés tardives pour contourner le problème du gel, envisager de planter les pommiers dans des zones plus humides, construire des outils capables d’accueillir autre chose que du cidre… Peut-être qu’il faudra se mettre aux oranges, aux vignes ou autre. »
Rennes se prépare
La question de l’adaptation interroge aussi les habitants. Cultures agricoles, conception et construction des logements, densification des villes, coûts des travaux, accompagnement aux changements de comportements… Les enjeux se bousculent et le réchauffement climatique s’accélère.
À Rennes, les sols sont en cours de perméabilisation, permettant à l’eau de pluie de s’infiltrer; 30 000 nouveaux arbres doivent être plantés, créant des ilots de fraicheur et intégrant dans le paysage des espèces moins locales et plus résistantes. Sans oublier de donner dans l’espace public une place prépondérante aux modes doux de déplacement (piétons, vélos…) et aux transports en commun (bus, métro, trambus…)
En attendant l’impact « dans 10-20 ans » de ces actions structurantes, des mesures compensatoires sont déployées, à l’instar du "ciel de rue" installé dans le centre-ville de Rennes l’été dernier. Une sorte de voile protégeant des rayons du soleil « qui a réduit l’inconfort thermique en journée, baissant le ressenti de température de 2 à 4° C », se réjouit Karine Fleury, directrice générale adjointe du service Ingénierie et services urbains de Rennes Métropole.
Pas de recette miracle mais un peu d’optimisme, pour Vincent Dubreuil, dans ce scénario catastrophe : « Les solutions existent. L’avenir dépend de la société et j’ai confiance en la société ! »