Plan Climat: Rennes Métropole mobilise les acteurs du territoire

Pour réduire les émissions de gaz à effet de serre sur le territoire, Rennes Métropole s’est dotée d’un Plan Climat-Air-Énergie Territorial (PCAET). Les objectifs qu’il fixe, à horizon 2030, imposent d’agir aussi bien sur les activités des entreprises et des services publics que sur les logements et les déplacements des habitants. Sans un engagement fort de l’ensemble des organisations et des filières, la trajectoire ne pourra pas être tenue. 

La Conférence locale du climat a rappelé la nécessité de cette mobilisation collective. Face à l’urgence, elle a réuni 360 acteurs économiques, institutionnels et associatifs du territoire pour éclairer  sur les enjeux climatiques, partager ses expériences et anticiper l’avenir. 

Les dix enjeux du Plan climat de Rennes Métropole

Témoignages sur des initiatives locales en faveur du climat

Rennes 1 engage la nécessaire et coûteuse rénovation de ses bâtiments

Béatrice Bouchet, vice-présidente du patrimoine, de la transition énergétique et écologique de l’Université de Rennes 1:

« À Rennes 1, nous avons beaucoup de bâtiments qui datent des années 60 et qui sont vieillissants. Depuis, les exigences thermiques se sont accrues. Nous avons aussi besoin de rationaliser notre consommation d’énergie. D’autant que nous prenons de plein fouet l’augmentation du prix de l’énergie actuelle. Aujourd’hui, nous dépensons 6 millions d’euros par an pour le chauffage, l’eau et l’électricité ! Nous devons donc rénover nos bâtiments. Et limiter leur empreinte carbone.

« Nous voulons réduire par quatre l’empreinte carbone de Rennes 1. »

L’objectif est de réduire par quatre nos émissions de gaz à effet de serre. Et d’être neutre en consommation carbone en 2050. En 2019, nous avons lancé une réflexion sur la méthode à adopter pour rénover nos 300 000 m² de surface ! Nous allons d’abord rationaliser l’utilisation des locaux pour en avoir moins à rénover. Pour le reste, nous avons estimé les travaux à 450 millions d’euros. Le chantier engloberait la rénovation thermique des bâtiments, mais aussi la rénovation intérieure pour coller aux nouveaux usages de l’université.

Pour le financement, plusieurs pistes sont à l’étude : les subventions, notamment via le Contrat de plan Etat-Région qui a été signé le 15 mars par le Premier ministre à Rennes. Nous avons également fait une demande de dévolution à l’Etat pour que le patrimoine qui nous est confié devienne propriété de l’Université. Ce qui nous donnerait une plus grande liberté pour le financement des travaux. Le troisième levier qui nous souhaiterions actionner, c’est d’obtenir une avance de financement de la Caisse des dépôts grâce aux économies d’énergie générées par les travaux.

Le plan de rénovation doit s’étaler sur 15 ans. Nous allons commencer en septembre par le campus santé à Villejean qui correspond à environ 10 % de notre parc. Ce "pilote de rénovation" servira ensuite de méthode pour rénover les autres bâtiments. »

______________________________________________________________________________________________________

« Le numérique doit faire sa révolution environnementale ! »

Frédérick Marchand, directeur et co-fondateur de Digital4Better:

« Digital4Better est spécialiste du numérique responsable. Nous agissons pour le verdissement de ce secteur qui représente aujourd’hui 10 % de la consommation mondiale d’électricité. Un chiffre qui est appelé à doubler si l’on ne fait rien. Digital4Better accompagne les grandes organisations (BPCE, Orange, L’Oréal, Ademe...) pour améliorer leur empreinte numérique. Pour cela, nous mesurons en continu l’empreinte de leurs applications numériques (sites web, e-commerce, plateformes métier...) grâce à notre plateforme Fruggr. Notre objectif ? Diviser par deux leur empreinte numérique en deux ou trois ans.

J’ai co-fondé cette jeune startup rennaise en juin 2020. Nous sommes aujourd’hui 45 salariés. Au-delà de notre mission principale, l’entreprise est engagée dans l’économie sociale et solidaire et est agrée ESUS (Entreprise solidaire d’utilité sociale). À titre personnel, je suis aussi ambassadeur d’Impact France pour l’Ouest. Ce mouvement rassemble les entrepreneurs qui placent l’impact environnemental et social au coeur de leur modèle économique. 

On n’imagine pas un constructeur automobile sortir un modèle de voiture sans parler de sa consommation d’essence. Pourtant, c’est ce que fait le numérique aujourd’hui !

Le numérique est un secteur qui a "disrupté" (bouleversé de façon majeure, NDLR) les autres secteurs mais qui ne s’est pas "disrupté" lui-même. On n’imagine pas un constructeur automobile sortir un modèle de voiture sans parler de sa consommation d’essence. Pourtant, c’est ce que fait le numérique aujourd’hui ! Il y a urgence à agir. Ce secteur contribue à la fois à la transition énergétique, mais il est aussi l’un des principaux pollueurs. Un exemple : pour obtenir les métaux rares nécessaires à la construction des smartphones, on utilise beaucoup d’eau pour les extraire et les raffiner. Sans parler des produits chimiques utilisés qui polluent les rivières sur les lieux d’extraction. Le numérique doit faire sa révolution environnementale ! »

______________________________________________________________________________________________________

« Nous devons aller vers une gastronomie plus vertueuse »

Marion Juhel, cheffe pâtissière, membre du collectif Nourritures: 

« Je fais partie de Nourritures, un collectif de 25 restaurateurs et pâtissiers rennais qui partagent les mêmes valeurs que nous avons rassemblées dans un manifeste. Nous voulons une gastronomie humaine, durable et en mouvement. « Humaine » parce que l’humain est au cœur de nos métiers. Nous devons en prendre soin. Nous nous engageons aussi à accueillir des stagiaires, des apprentis… Nous nous interdisons également toutes maltraitances physiques ou morales. Nous ne faisons que respecter la loi, mais c’est important de le dire ! 

Nous voulons également une « gastronomie durable » : nous veillons à l’origine de nos matières premières, nous achetons 100% de produits frais locaux et de saison. Nous travaillons en circuit court. Nous valorisons aussi nos déchets, notamment via la méthanisation. Nous nettoyons nos locaux avec des produits d’hygiène labellisés. 

Nous devons aller vers une gastronomie plus vertueuse et plus respectueuse de la terre et des Hommes.

Pour ce qui est de la « gastronomie en mouvement », nous avons la volonté de sortir de nos cuisines et de nos laboratoires pour amener la gastronomie ailleurs : nous travaillons par exemple dans les écoles avec des enfants, dans les prisons, avec les migrants… Nous voulons faire partie de la société au sens large du terme et toucher ceux qui sont éloignés de la gastronomie. En tant que professionnels des métiers de bouche, nous avons une responsabilité particulière vis-à-vis de ce que nous donnons à manger à nos clients. 

Nous devons aller vers une gastronomie plus vertueuse et plus respectueuse de la terre et des Hommes. Dans notre charte, nous nous engageons à travailler au moins 50% de produits locaux situés à moins de 160 km. Les offres liquides (thé, café, vin…) doivent être issus de la biologie ou de la biodynamie. Nous nous inscrivons tous dans une dynamique locale ancrée sur le terroir de Rennes Métropole. »

[Témoignages recueillis par Félix Lavaux]

______________________________________________________________________________________________________

 

Le programme de la Conférence locale du climat

9h00-12h30 > plénière

9h > Ouverture
Discours d'ouverture de Nathalie Appéré, maire de Rennes et présidente de Rennes Métropole.

9h30 > Conférence "Trajectoire climat : où en sommes-nous sur le territoire?"
En 2019, Rennes Métropole s’est engagée sur une trajectoire carbone en adoptant pour 6 ans un Plan Climat-Air-Énergie Territorial (PCAET). À mi-parcours, où en sommes-nous de cette transition qui vise à diviser par deux les émissions de gaz à effet de serre par habitant d’ici à 2030 ?

9h50 > Table ronde "Engagement des acteurs publics et articulations locales"
Face au défi climatique, la Métropole n’agit pas seule et les nombreuses politiques que couvre son Plan Climat mobilisent l’ensemble des acteurs publics locaux. Le Département et la Région ont aussi leurs propres caps et grands chantiers. Comment s’articulent ces différents engagements?

10h15 > Table-ronde "Mobilité, énergie, rénovation : les organisations passent à l’action" 
Tripler l’usage des énergies renouvelables, réduire le trafic routier de 10%, rénover 25 % des surfaces tertiaires... Les chantiers prioritaires fixés par le PCAET trouvent déjà des illustrations concrètes, grâce à des organisations qui s’engagent. Leurs retours d’expérience nous éclairent sur les enjeux, les difficultés et les clés de réussite des projets de transition.

11h > conférence "Fédérer et mobiliser : l’exemple du grand défi des entreprises pour la planète"
Quelles propositions les entreprises peuvent-elles porter pour accélérer les transitions ? Le Grand Défi lancé en février à l’échelle nationale les invite à un processus participatif inédit, pour faire émerger des actions prioritaires.

11h45 – Pitchs "Ce que nous avons changé..." 
Quels que soient leur statut et leur domaine d’activité, les organisations qui s’engagent pour le climat sont amenées à changer leurs façons de s’approvisionner, de travailler, mais aussi de collaborer avec les autres acteurs du territoire. Aperçu de ces nouvelles alliances et pratiques professionnelles à travers de courts récits de transition…

14h et 15h15 > Les rendez-vous Climat

Rencontres, retours d'expériences autour de projets et de solutions concrètes mises en œuvre par des acteurs du territoire et d’experts locaux pour s'inspirer, comprendre, faire réseau, réfléchir ensemble.

Mobilisation
14h et 15h15 > Embarquer son organisation et les salariés dans la transition écologique. 

Économie
14h > Modèles économiques de demain: vers plus de coopération pour réussir les transitions. 
15h15 > Économie circulaire, focus sur les filières plâtre et textile.

Mobilité
14h > Entreprises, administrations et plan de mobilité.
15h15 > Transports, logistique urbaine : décarbonner et coopérer.

Adaptation
14h > Végétaliser pour adapter la ville au réchauffement climatique. 
15h15 > Préserver l'eau, réduire les consommations : pourquoi, comment ?  

Énergie
14h > Electricité : passer au renouvelable et à l’autoconsommation.
15h15 > Approvisionnement en chaleur : passer au renouvelable.

Filières en action
14h > Numérique sobre : quels usages, quels leviers ?
15h15 > Les travaux publics, acteurs de la transition écologique.

Bâti-Aménagement
14h > Rénovation énergétique de l'habitat social : retours d’expérience.
15h15 > Aménager et construire en bas carbone.

16h30 – 17h30  > Table ronde 

"Penser le futur : demain nos entreprises"
En partenariat avec l’événement “Nos Futurs” organisé par les Champs Libres et Le Monde, des jeunes dialoguent avec des acteurs du monde économique. Ces regards croisés sur les entreprises de demain questionnent leurs valeurs, leur capacité à attirer les nouvelles générations, leur rôle dans les transitions, leurs transformations...