L'immeuble de la place Saint-Michel renaît de ses cendres

Logement et urbanisme
L'îlot Saint-Michel a été reconstruit à neuf après avoir été détruit dans un incendie en 2010
L'îlot Saint-Michel a été entièrement rénové après avoir été détruit par un incendie, en 2010, lors de la Fête de la musique. Après un chantier compliqué de plus de dix ans, la résidence l'Orée des Lices a été inaugurée début février. (A.Loubry)
Les travaux de reconstruction de l'îlot Saint-Michel, incendié lors de la Fête de la musique en 2010, sont terminés. Il aura fallu treize ans pour finir ce chantier complexe, entre contraintes techniques et contentieux juridiques. La résidence l'Orée des Lices a été inaugurée début février.

21 juin 2010. La Fête de la musique bat son plein quand le feu embrase la toiture de l'immeuble situé au numéro 5 de la place Saint-Michel, en haut des Lices, en plein cœur du centre historique. Six immeubles, 14 logements et 3 commerces, principalement en copropriété, sont touchés. Pendant dix ans, des palissades vont dissimuler les traces de cet incendie qui, heureusement, n'a pas fait de victime, si ce n’est un pan entier du patrimoine architectural rennais, déjà rescapé du grand incendie de 1720.

« Ce programme témoigne de notre intervention publique très forte pour le centre ancien de Rennes, sans quoi toute une partie de ce patrimoine commun serait menacé. Il montre aussi notre capacité, acteurs publics et privés, à travailler ensemble pour relever des défis complexes. »
Nathalie Appéré, maire de Rennes

10 ans de procédure

Devant l’ampleur des dégâts, la Ville de Rennes n’a d’autre choix que de reconstruire en neuf. Elle charge la société d’aménagement Territoires publics d’acquérir l’ensemble des copropriétés concernées, puis d’abattre les bâtiments ravagés par le feu. Le projet de reconstruction est confié au groupe Giboire, associé au cabinet Explorations Architecture. Jusque-là, rien de trop compliqué. Mais c’est sans compter la géométrie complexe de la parcelle et le temps long des procédures judiciaires. « La démolition n’était pas possible tant que les structures des immeubles voisins n’étaient pas consolidées pour devenir stables », détaille Mélanie Barchino, cheffe de projet centre ancien à Territoires publics. Pendant cinq ans, des contentieux à répétition opposent également les propriétaires des immeubles et les assurances. « Les discussions portaient sur la recherche de responsabilités, les modes opératoires et la prise en charge des dépenses. » Les négociations finissent par aboutir. Début 2021, le chantier peut enfin commencer. « Je ne compte pas le nombre de réunions de crise que nous avons faites sur ce dossier. Il a fallu beaucoup de ténacité et de pugnacité. Je crois pouvoir dire que nous avons beaucoup enrichi notre connaissance des contentieux… » sourit la maire, Nathalie Appéré.

Quand la Ville a lancé ce concours, j'étais le seul à vouloir y répondre : trop compliqué, trop cher… Pour gagner, il nous fallait un grand projet, le choix de l'architecte a été primordial. Aujourd'hui, en tant que promoteur et en tant que Rennais, je suis très fier du résultat. Cet immeuble est beau, il s'inscrit dans le paysage, on a l'impression qu'il a toujours été là.

Michel Giboire, président du groupe Giboire

Un colombage contemporain

Les travaux de construction débutent en janvier 2021. L'enjeu : proposer un immeuble neuf dont l'architecture respecte celle des bâtiments anciens aux alentours. « Nous nous sommes inspirés des codes esthétiques des maisons à pans de bois, explique l'architecte, Yves Pagès. D'où l'idée d'un colombage contemporain mêlant bois massif et menuiseries en aluminium. » Dans un souci écologique, il s'agissait également d'éviter le béton au maximum. Tout est construit en bois (murs, planchers et charpente), à l'exception – pour respecter les normes incendie et acoustiques – de la structure du rez-de chaussée, des cages d'escalier et des coursives extérieures.

Le défi a été de reconstruire un immeuble neuf, à l'architecture contemporaine, dans un tissu urbain resserré et en respectant le bâti traditionnel. Le projet peut sembler modeste. Mais il est très complexe en raison des contraintes liées à l’histoire, aux divers règlements de protection et aux volumes du bâti d’origine. Les corps de bâtiment sont si imbriqués qu'à l'agence, nous l’appelions "le Tetris" !

Yves Pagès, Explorations Architecture

1er février 2023 : l'inauguration

Mercredi 1er février dernier, la résidence l'Orée des Lices, avec ses 13 logements et son commerce du rez-de-chaussée (ce sera un institut esthétique) ont été inaugurés. Ceux qui ont participé au chantier ne cachent pas leur joie et leur soulagement d'être arrivés au bout de l'aventure.