Le Stade rennais, une histoire de passion magique
Quand les supporters ont les yeux rivés sur le terrain, le journaliste Benjamin Keltz préfère quant à lui s’émerveiller du spectacle en tribunes. En résultent 120 ans de souvenirs marqués au « Fer rouge », un ouvrage photographique anniversaire co-signé avec Marc Brassart, qui raconte au passage une certaine histoire du peuple rennais.
Trois clichés noir et blanc pris place de la Mairie, où la foule s’est massée en nombre pour célébrer la victoire en coupe de France. Sommes nous en 1965, 1971, ou 2019, les trois années rennaises du Graal ? Pas simple de s’y retrouver tant les scènes de liesse se ressemblent. Si les époques et les costumes ont changé, les émotions et les histoires d’amitié nées à l’occasion de ces grandes messes populaires, restent quant à elles intactes.
« Tout a changé, les looks, les façons de supporter son équipe, le stade, mais rien a changé, confirme Benjamin Keltz, le capitaine des éditions du Coin de la rue, aux origines de l’ouvrage Au Fer rouge. Le propos de ce livre est de raconter cette passion jamais démentie des supporters rennais pour leur équipe. »
Les Rouge et Noir attirent 30 000 personnes au stade tous les quinze jours, et cela fait 120 ans que ça dure. Les plus grands événements culturels rennais ne font pas mieux.
Madeleine de Prouff
Après avoir sacrifié au rituel du samedi soir avec son père, le journaliste perpétue aujourd’hui la tradition avec son fils, prolongeant le fil rouge d’une histoire de famille où l’on se transmet le flambeau de la passion, de génération en génération. « Le Stade Rennais, c’est une madeleine de Proust », continue le supporter de toujours. Une madeleine de Prouff, dirons-nous pour rendre hommage au double vainqueur héroïque de la coupe de France. Ou une galette saucisse, pour évoquer l’incontournable rituel d’avant-match, un cri du ventre repris à l’unisson et nous rappelant que nous nous trouvons à Rennes, route de Lorient, et pas ailleurs.
Une épopée populaire
La découverte des trésors photographiques du musée de Bretagne, et des archives du club « dormant sous une tribune », ont été le point de départ de cette épopée populaire racontée en images.
Les éditions du Coin de la rue ont déjà publié deux ouvrages sur les Rouge et Noir, à l’occasion du centenaire du club et de la victoire en coupe de France, en 2019. Les dirigeants du Stade Rennais ont eu envie de poursuivre l’aventure avec nous.
Vous l’aurez compris, le propos d’Au fer rouge n’est pas de refaire les matchs, ni de revivre encore les exploits des Rouge et Noir, mais « de s’arrêter sur ces tifos rouge et noir, et ces drapeaux noir et blanc, pour s’interroger sur ce que le football déclenche socialement parlant. » À l’image des magnifiques clichés de Charles Barmay, le Doisneau rennais, « de faire le récit d’une certaine Bretagne. »
Le football est fait pour être vécu ensemble. Les supporters viennent aussi au stade pour défendre une identité et des valeurs. C’est l’idée que l’on peut-être tous différents, mais unis derrière une cause, quel que soit notre statut social. Ce phénomène est assez rare par ailleurs. Finalement, peu importe le résultat du match : le but, la victoire, la coupe, sont des cerises sur le gâteau.
28 avril 2019. Au lendemain de la victoire en coupe de France, plus de 100 000 Rennais défilent sous des trombes d’eau dans les rues de Rennes pour fêter les Rouge et Noir. Des héros d’un jour portés en triomphe par le public de toujours. De quoi songer, avec Benjamin Keltz, que le football n’est jamais aussi beau que lorsqu’on le regarde dos au terrain.
Jean-Baptiste Gandon
Au Fer rouge, livre photo de 120 ans de passion, sous la direction de Benjamin Keltz et Marc Brassart.
À commander sur le site des éditions du Coin de la rue (29,90 €)