Le retour à la terre : qui l’eût cru(e) ?
Patrimoine singulier, la construction en terre fait l’identité du bassin rennais. La tradition rurale persiste. Mieux : elle revit. En rénovation mais aussi en neuf désormais.
Quand il fera chaud dehors, il fera frais dedans. Les enfants pourront crier, les murs ne trembleront pas. Réalisé en ossature bois, le nouvel accueil de loisirs de Saint-Sulpice-la-Forêt est isolé en paille, en partie recouverte d’un enduit terre. Deux cloisons intérieures sont constituées en torchis et en adobe. Pour l’essentiel, la terre provient du site. Les enfants ont donné quatre jours de vacances pour modeler ces drôles de Lego !
Un multi accueil, un gymnase...
Au Rheu, l’Arbre aux papillons compte aussi la terre parmi ses matériaux biosourcés. Le bâtiment, dont la construction a bénéficié du fonds de concours aux communes de Rennes Métropole, a été livré en décembre. Il réunit une cantine, un accueil périscolaire et l’accueil de loisirs. Empilées sur 80 m², des briques d’adobe garnissent l’armature bois des espaces de circulation. Leur aspect brut fait la touche déco mais aussi les qualités thermique, acoustique et hygrométrique du lieu.
À Rennes, le gymnase de Beauregard intègre de la terre allégée, mélangée à du foin et à de la chaux, dans l’ossature bois du mur sud, derrière les tribunes. « Le terrain en forte pente nous obligeait à excaver un grand volume de terre. Mais pourquoi gâcher ? » rembobine Thomas Perdriel, responsable du service Maîtrise d’œuvre architecture de Rennes Métropole. Une première dans le patrimoine bâti municipal.
Un matériau porteur
Quid de l’habitat ? À Chavagne, le groupe Legendre mélange la terre crue au béton dans la construction d’une résidence de 18 logements locatifs sociaux pour le compte d’Espacil Habitat. Le procédé est moins naturel mais original. Les fondations et les façades extérieures sont réalisées en béton armé. La terre extraite sur place est mixée avec du sable, du gravier, de la chaux, du chanvre et de l’eau. Le mélange remplit les banches du coffrage. Résultat ? Un bâtiment passif à la clé et des charges minimes pour ses occupants.
Olivier Brovelli