Le quartier Villeneuve à la loupe
Ces derniers mois, un inventaire du patrimoine du quartier Villeneuve a été mené par des étudiants du Master restauration et réhabilitation du patrimoine bâti de Rennes 2. Morphologie, construction, profil des habitants, commerces… Les résultats de cette étude seront consultables d'ici la fin de l'année et ont fait l'objet d'une réunion publique fin avril.
443. C'est le nombre de bâtiments recensés et passés à la loupe par une quinzaine d'étudiants, depuis octobre 2021, dans le quartier Villeneuve (qui appartient au quartier Sud-Gare). Un travail qui s'inscrit dans la démarche de recensement du patrimoine mené dans la Métropole, en partenariat avec la Région Bretagne. Pour restituer leur travail, avant sa mise en ligne d'ici la fin de l'année, les étudiants ont proposé une réunion publique à destination des habitants fin avril. "28 ans que je vis dans le quartier, sourit Marie, qui a fait le déplacement, alors forcément, leur travail m'intéresse, c'est l'occasion de découvrir ou de redécouvrir certaines choses."
C'est la deuxième campagne réalisée sur Rennes par les étudiants. Cet inventaire du quartier Villeneuve fait écho à l'évènement Rennes 1920, et des visites seront d'ailleurs organisées cet été et à l'automne.
"Notre période d'étude s'est étalée de 1900 à 1953, pose Ludivine. Nous avons analysé les bâtiments mais aussi fait des recherches dans les archives." Jusqu'à retrouver l'année de naissance du quartier. En 1885, à une époque où la majorité du bâti se concentre dans le centre-ville de Rennes, c'est une pétition d'habitants qui va donner naissance au quartier Villeneuve, sur des terres plutôt marécageuses. Des rues apparaissent au fil des ans : le boulevard Jacques Cartier et la rue Ginguené sont créés en 1910, la rue Ange Blaise en 1914. Ensuite, tout s'accélère. "Beaucoup d'équipements structurants pour le quartier sont sortis de terre dans les années 1920 : la crèche Alain Bouchard, le square de Villeneuve, l'école publique de filles…" Ils seront suivis, dans les années 1950, par la création d'un cinéma, implanté dans l'ancienne salle des fêtes de l'école, ou encore d'un pensionnat.
Le savez-vous ?
Le square de Villeneuve, situé juste en face de la prison Jacques Cartier, est le tout premier jardin public créé par la municipalité en dehors du centre-ville. Il a ouvert ses portes en 1926 et a été imaginé par l'architecte Emmanuel Le Ray.
"C'est un quartier homogène. Beaucoup de maisons se ressemblent car elles ont été construites à la même époque. On a des maisons en rez-de-chaussée surélevé, parfois avec un étage. Elles sont toutes faites sur les mêmes modèles, qui étaient utilisés par tous les constructeurs à l'époque." Pour le quartier, 65 entrepreneurs ont été recensés par les étudiants, et deux principaux architectes.
"En terme de matériaux de construction, on trouve principalement des schistes – de Rennes, de Pont-Réan ou de la Bouxière -, mais aussi du grès, du granit pour les encadrements, de la brique pour le décor, du béton pour les linteaux et appuis de fenêtres…" Pour les toits, la liste est moins longue : presque 100% des couvertures sont en ardoise. "C'est un quartier qui a été construit par et pour les classes populaires et les classes moyennes. Beaucoup travaillaient à l'Arsenal, dans les imprimeries, ou encore pour les chemins de fer." Les IPN en métal, visibles sur certaines façades, avaient d'ailleurs été récupérés auprès des chemins de fer. Mais le quartier concentrait aussi énormément de commerces : 14% des bâtiments recensés par les étudiants étaient des maisons-boutiques. "Il y avait des ateliers de couture, des primeurs, des magasins de charbon…" Un quartier vivant en somme, dont l'étude complète sera à retrouver d'ici la fin de l'année sur le site patrimoine.bretagne.bzh !
Les habitants doivent connaître leur quartier pour le faire vivre et l'aimer ! Ce que nous avons trouvé de particulièrement intéressant dans le travail des étudiants, c'est de découvrir le nombre impressionnant de commerces qu'il y avait dans le quartier.