Le barrage de Rophémel mis à sec pour réaliser des travaux d'étanchéité
La vidange du barrage de Rophémel, programmée pour permettre la réalisation de travaux d’étanchéité, débute le 9 avril 2024. L’usine d'eau potable située juste à côté, qui couvre habituellement 30 % des besoins du bassin rennais, ne sera pas disponible pendant les travaux.
Construite dans les années 1930, la retenue d'eau située à Plouasne dans les Côtes-d’Armor, accuse le poids des ans. Rien d’inquiétant. Aucune fuite à déplorer. Mais le temps est venu de reprendre l’étanchéité du parement pour éviter toute infiltration préjudiciable. Pour cela, il faut vider entièrement le barrage, une opération délicate pour la faune et la flore. Propriétaire de l’ouvrage, la collectivité Eau du bassin rennais lance les travaux d’une opération délicate, réalisée pour la dernière fois en 1998.
Une vidange par paliers à partir de 2024
Les travaux consistent à poser une membrane géotextile en PVC sur une structure grillagée drainante, fixée au parement amont du barrage. « Ce matériau sans perturbateurs endocriniens présente toutes les garanties de sécurité sanitaire », assure Erwann Guirriec, conducteur d’opération. L’abaissement du niveau d’eau va se faire par paliers à partir du 9 avril 2024. Le barrage devrait être à sec mi-mai.
Le risque de pénurie d'eau écarté
La vidange et les travaux impliquent l’arrêt de l’usine de production d’eau potable, située juste à côté, jusqu’à décembre 2024. Or trois usines seulement approvisionnent le bassin rennais en eau potable. Y aura-t-il toujours de l’eau au robinet l’été prochain ? « Oui, même si la saison est sèche », rassure Michel Demolder, président d’Eau du bassin rennais.
Prévue le 23 avril, la mise en service de l’aqueduc Vilaine atlantique entre Rennes et le barrage d’Arzal compensera en partie la perte de production de 30 000 m³/jour. En complément, l’usine d'eau potable de Villejean sera mise à contribution. « Plus que jamais, nous continuerons à sensibiliser les consommateurs à l’impératif d’une gestion économe de l’eau » annonce Eau du bassin rennais. Le message semble passer : la consommation d’eau potable à déjà diminué de 4 % en un an.
La faune et la flore sont-elles en danger ?
Douze espèces de chauves-souris et des tritons palmés vivent au pied du barrage. Lequel protège aussi une plante aquatique rare, la littorelle des lacs. Pour perturber au minimum la faune et la flore, le chantier prévoit de déplacer les tritons dans une mare voisine, de créer de nouveaux gîtes pour les mammifères à proximité. La station de littorelle des lacs sera étendue sur une berge terrassée.
Quid des brochets, des brêmes et des anguilles ? Afin de préparer au mieux la vidange du barrage, des pêches de "sauvegarde" et de "décompression" ont été lancées début avril afin de transférer un maximum de poissons vers les plans d’eau voisins. « Nous ne les sauverons pas tous malheureusement. La mortalité sera importante, reconnaît Erwann Guirriec, conducteur d'opérations d'Eau du bassin rennais. Mais des campagnes d’alevinage seront réalisées pour empoissonner la retenue à l’issue des travaux. »
En amont du barrage, une opération de dragage sera réalisée en vue de limiter l’afflux de sédiments dans la Rance au moment de la vidange. « Ces sédiments pourront être utilisés à des fins d’épandage agricole ou de remblaiement de carrières », ajoute le conducteur d'opérations. La qualité de l’eau sera surveillée de près pendant toute la durée des travaux.
Olivier Brovelli
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5 millions de m³ d'eau stockée
Source : Eau du bassin rennais -
13,5 millions d'euros de travaux
Source : Eau du bassin rennais -
380 km² superficie du bassin versant
Source : Eau du bassin rennais