Insectes musiciens aux Champs Libres
Dix ans après les débuts de l’aventure aux Champs Libres, le bestiaire utopique imaginé par Mathieu Desailly et le collectif Tout reste à faire, s’est enrichi de nouveaux membres. À découvrir tout l’été, quinze insectes et arthropodes nés d’instruments de musique en fin de vie. Des sculptures géantes sonores et animées, invitant le visiteur à se perdre dans une forêt fantasmagorique, à la lisière des arts et de la science.
Liverpool possède son musée des Beatles ? Avec « Anima (ex) musica », cet extraordinaire bestiaire utopique peuplé d’insectes et d’arthropodes, Rennes n’a plus rien à envier à la capitale des Hannetons. De là à dire que le scarabée rode, il n’y a qu’un pas franchi en ce moment du côté des Champs Libres.
À découvrir : quinze créatures jaillies des rêves de Mathieu Desailly, par ailleurs bien connu des rennais pour ses talents d’affichiste.
Un rêve aux frontières de l’art et de la science
Un scarabée recyclé d’un piano Pleyel 1900 ; un harmonium acheté pour 1 € symbolique à une église réformée, et réincarné en punaise ; une araignée née du mariage d’une caisse de mandoline, de quelques tuyaux de trompette et d’une sorte d’ukulélé ; une grande sauterelle issue du croisement de deux claviers…
On les croirait inertes, mais elles se meuvent, et nous émeuvent. Mieux, elles jouent de la musique quand certaines antennes bien cachées détectent la présence des curieux.
« Anima (ex) Musica, c’est un peu comme si vous veniez vous perdre dans une forêt aux dimensions étranges », pose l’intéressé. Toutes proportions parfaitement respectées, les insectes sont en effet à l’échelle XXL. Pour concrétiser ce rêve de bestioles géantes aux nombreuses paires de pattes, les six mains du collectif Tout reste à faire ne sont pas de trop : celle du designer-dessinateur Mathieu Desailly, celles du scénographe-constructeur Vincent Gadras, et celles du compositeur de musique David Chalmin, chargé d’habiter les lieux de ses mélodies inquiétantes.
Les visiteurs sont donc invités à se perdre dans cette jungle fantasmagorique à mi-chemin entre galerie d’art contemporain et espace des sciences.
Charles Darwin en a rêvé, Mathieu Desailly l’a fait
Vous êtes vraiment très curieux ? Le démiurge Mathieu Desailly vous invite dans son laboratoire de docteur Frankenstein, histoire de découvrir en live ses secrets de fabrication, à l’occasion de trois sessions de travail d’une durée de cinq jours.
« C’est leur petite taille qui fait que nous sommes incapables de nous représenter l’apparence des insectes. S’il était possible d’imaginer un mâle Chalcosoma (scarabée atlas, ndlr) avec son armure de bronze poli et ses encornures complexes qui aurait la taille d’un cheval ou simplement celle d’un chien, il deviendrait l’un des animaux les plus impressionnants de la planète. » Le grand naturaliste Charles Darwin en a rêvé, Mathieu Desailly l’a fait, rien que ça…
En attendant, le chef d’orchestre lance un appel aux "propriétaires d’altos fendus, de clarinettes bouchées et autres instruments ayant cassé leur pipe." Ces objets en fin de vie pourraient bien accoucher de nouvelles créatures pas piquées des vers... luisants.
Anima (ex) musica, jusqu’au 3 septembre aux Champs Libres. Gratuit. Leschampslibres.fr
Jean-Baptiste Gandon
Secrets de fabrication
Les visiteurs curieux sont invités à assister aux séances de travail du collectif Tout reste à faire :
Du 31 mai au 5 juin
Du 5 au 9 juillet
Du 30 août au 30 septembre