Dans le bâtiment aussi, tout se transforme !
A Maurepas, la déconstruction d’un immeuble a donné lieu à un chantier inédit. Des matériaux ont été réutilisés pour créer de nouveaux objets, afin d’améliorer le cadre de vie des habitants.
Ne reste de l’immeuble qu'une structure en béton. Dans le cadre du renouvellement urbain du Gros-Chêne, une quarantaine de logements des numéros 1-3-5 de la rue de la Marbaudais sont en train d'être détruits. Mais à la place des rebuts, une « matériauthèque » contenant du bois de charpente, des portes, des rambardes d’escaliers, des boîtes aux lettres, ou même des éviers, a été mise à la disposition de cinq porteurs de projets. Leur objectif : réaliser durant deux semaines des objets à partir de ces matériaux.
Cette expérimentation fait suite à un appel à projets lancé par le bailleur social Archipel Habitat, pour limiter l'empreinte environnementale de l’opération de rénovation urbaine. Une démarche pionnière : avec 3,4 tonnes de déchets par an et par personne, le secteur du BTP est à l’origine de 70 % des déchets produits en France.
Cette opération de réemploi a bénéficié de l’aide précieuse de Bâti Recup’, un collectif d’architectes, qui crée des ponts entre le monde de la construction et celui de la déconstruction. « Nous avons identifié les matériaux à utiliser et proposé des pistes de réemploi. Une sorte de passeport a été créé pour chaque matériau, pour rappeler son usage d’origine et décrire son nouvel usage », explique Sarah Fuit, architecte de Bâti récup’. Le dépôt du gros œuvre a été confié à Véolia, l’opérateur chargé de la déconstruction du bâtiment. Autre allié de taille : l’association des Compagnons-bâtisseurs, déjà très présente à Maurepas pour des chantiers participatifs d’amélioration de l’habitat.
Le chantier a pris fin vendredi 27 septembre mais ce test en appellera probablement d’autres : « on a envie d’aller plus loin, explique Laura Daumer, chargée de projet chez Archipel Habitat. La réhabilitation des logements du quartier va s’étaler sur 15 ans et la question du réemploi des matériaux est primordiale.»
Cinq projets et une multitude de matériaux
Une serre de jardin
Au Jardin du bonheur, une dizaine d’habitants, épaulés par l’association Vert Le Jardin, plantent légumes et fleurs, de mars à novembre. Dans ce potager, ne manquait plus qu’une serre. C’est désormais chose faite : une structure constituée de plusieurs modules a été construite à partir des portes d’appartements et du bois de charpente du bâtiment. Un long travail a été nécessaire pour poncer le bois, puis la structure a été installée sur un soubassement en béton. Aux manettes : le Centre social de Maurepas et l’architecte Vincent Souquet.
Une chambre noire
Porté par le Cabinet photo, une association du quartier, le projet d’une chambre noire destinée au développement des photographies réalisées par les habitants a été mis en œuvre. Comment ? En récupérant du bois de charpente, mais aussi un évier en inox et même une ou deux fenêtres, afin de réaliser une table à dessin. Cerise sur le gâteau : cette chambre noire a été équipée de roulettes, afin de pouvoir être transportée facilement.
Une installation au sol
Installé au Parc du petit prince, dans le quartier de Maurepas, « le nid », une sorte de tapis de dalles, a été imaginé par l’artiste mosaïste Mona Jarno. Cet assemblage a pu être réalisé grâce à la récupération des marches d’escaliers. Ces dalles ont été incrustées dans la terre, à l’image d’un jardin japonais. Un gros travail a été nécessaire pour découper les dalles, les coffrer, et enfin les assembler.
Du mobilier pour La Cohue
Cette coopérative de développement économique et social va bientôt s’installer dans le quartier de Maurepas. Avec le soutien du collectif Le Rond point, du mobilier pour accueillir le grand public a été conçu à partir des matériaux récupérés. Parmi les réalisations : une rambarde d’escalier fera office de petite cloison dans l’espace d’accueil. Des marches d’escaliers ont été également utilisées pour créer des bancs, une grande table et même un présentoir.
Des espaces conviviaux pour le Pôle Associatif de la Marbaudais
Courant octobre, l’agence Zam Zam pilotera un chantier de réalisation de mobilier pour aménager trois espaces de convivialité. Plus tard, l’AFPA et le GRETA prendront le relais, dans le cadre d’une formation aux métiers du bois et du métal sur les plateaux technique du lycée Mendès-France. À partir du bois de charpente, des garde-corps en métal ou des portes d’entrée des appartements, les apprentis construiront du mobilier urbain et même un pigeonnier contraceptif (destiné à limiter la population de pigeons), qui seront ensuite installés dans le quartier.
Anna Quéré