Cleunay, Arsenal-Redon, Courrouze : trois quartiers, trois histoires, réunis depuis 1993 sous le nom « quartier 9 », délimité par la Vilaine au nord, le boulevard de la Tour d'Auvergne à l’est et la voie ferrée au sud. Un quartier qui s’étire doucement vers La Prévalaye et qui sera bientôt traversé par la ligne b du métro, renforçant ainsi son lien avec le centre-ville.
Pendant longtemps, Cleunay ne fut qu’un village entouré de marais et de prairies où les bouchers de Rennes faisaient paître leurs troupeaux… Si les premières habitations apparaissent dans les années 1930, jusque vers 1950 le quartier est encore composé essentiellement d’exploitations maraîchères et de prairies inondables.
Ce n’est vingt ans plus tard que plusieurs vagues successives d’habitat vont commencer à modeler le quartier. D’abord les « Malgré tout », une cité qui longe l’actuelle rue Eugène-Pottier, et dont le nom reflète les difficultés des premiers habitants à obtenir des permis de construire, puis la cité d’urgence, suite à l’appel de l’Abbé Pierre, lors des hivers rigoureux de 1953 et 1954. Une deuxième vague arrive de 1956 à 1960, avec la construction de nombreux HLM, et, de 1957 à 1962, l’accession à la propriété, avec la cité « Champignon », là aussi un nom symbolique, lié à la rapidité avec laquelle les maisons poussèrent alors…
Les années 1980 : l’opération Habitat et Vie sociale
C’est avec l’opération Habitat et Vie sociale, menée au début des années 1980, par la Ville de Rennes, les offices HLM et en concertation avec les habitants, que Cleunay va retrouver un nouveau souffle, tant au niveau des espaces publics que des réhabilitations de logements. En 1984, les premières constructions de la nouvelle Zac de Cleunay sortent de terre, notamment les maisons en bois du Clos des Cèdres. En 1992, c'est l'inauguration des logements "Les Caravelles", aux formes urbaines qui contrastent avec l'existant...
Le visage de Cleunay change, et avec lui, l'image négative qui collait depuis près de trente ans à ce quartier.
Cleunay : ses gens
Cleunay : ses gens est une œuvre d'art réalisée par Robert Milin en 1998, une commande publique réalisée avec la participation des habitants et des associations du quartier, dans le cadre de la Zone d'Aménagement Concerté de Cleunay. Résultat : neuf panneaux, de 1,80m sur 3m, de lieux ou d'habitants, situés sur le boulevard de la Guérinais et le boulevard de Cleunay, reliant l'ancien et le nouveau Cleunay. « J’ai pris du temps en rencontrant des personnes, des associations, pour essayer de comprendre ce qu’était ce lieu de vie si ordinaire qui m’attirait », expliquait Robert Milin.
Carte sensible
C’est dans le cadre d’une démarche de concertation sur le quartier de la Courrouze, à l’initiative de Territoires et Développement, que les équipes de l'Audiar et de l'IAUR sont allées à la rencontre des enfants âgés de 6 à 14 ans du Cercle Paul Bert (CPB) et du collège de Cleunay, afin de réaliser avec eux la carte de leur quartier. Plus d’une soixantaine de dessins, paroles et écritures ont été recueillis au terme de plusieurs rencontres, avec le soutien de l’équipe d’animation du CPB et des enseignants du collège de Cleunay. Toute cette matière riche, sensible et parfois surprenante, a permis de saisir la perception qu’ont les enfants de leur quartier.
Trois polarités se dégagent :
- Le quartier de Cleunay avec le Cercle Paul-Bert
- La rue Champion de Cicé, avec l’école du même nom, les services et équipements environnants
- La Courrouze avec ses jeux
« Arsenal-Redon » : ce sont plus de deux cents ans d’histoire qui se rattachent à ce quartier, choisi en 1793 pour accueillir un arsenal d’artillerie. Deux cents ans d’histoire, trois guerres et plusieurs générations d’ouvriers.
L’hôtel de police, la cité judiciaire ou encore l’école des métiers du notariat : il y a cinquantaine ans, ce sont les bâtiments de l’arsenal-Ville, sur le point de fermer, qui se dressaient alors , face au boulevard de la Tour d’Auvergne. Une histoire qui débuta en 1793, lorsque Rennes fut choisie pour accueillir un arsenal d’artillerie, là où se tenait auparavant, depuis 1678, l'hôpital général de Rennes. Il fallut plusieurs années pour réaliser les plans et les bâtiments ne furent achevés qu’en 1848. Dès 1856, un dépôt de munitions et de poudre fût créé à La Courrouze. « Après la guerre de 1870, des crédits considérables ont permis d’en faire l’un des arsenaux les plus importants de France », indique Adolphe Orain, historien et folkloriste breton, dans l’un de ses textes, paru en 1892.
En 1874 et 1881, de nouveaux terrains sont acquis à La Courrouze. Les activités sont alors réparties : ateliers mécaniques à l’arsenal-ville, ateliers et dépendances pyrotechniques à La Courrouze. Pendant la première guerre, l’activité y sera dense, avec un renfort important de personnel féminin. En mémoire de ces "Munitionnettes" , une rue du nouveau quartier La Courrouze porte leur nom.
Après la seconde guerre mondiale, l’activité va progressivement décliner. Le site arsenal-Ville cessera ses activités en 1968. La cheminée sera détruite le 22 avril 1974.
… le mur sera lui abattu en octobre 1987.
Quant au site de La Courrouze, les ateliers fermeront définitivement leurs portes en 2003. Une histoire à retrouver dans « L’arsenal de Rennes – de 1793 à nos jours » paru aux éditions de Juillet en 2012, consultable et empruntable aux Champs libres. Et un passé qui revit avec la création de l’éco-quartier La Courrouze.
De l'abattoir au Mabilay
C’est aussi au milieu du XIXe siècle que se construit, rue de la Mabilais, près de la Vilaine, le premier abattoir de Rennes. Près de cent ans plus tard, cet abattoir ne répond plus aux besoins d’une ville qui a grandi, tout comme les communes environnantes et un nouveau est construit, route de Lorient.
Le site n’est pas délaissé pour autant. C’est un tout autre bâtiment qui va voir le jour en 1973 : l’emblématique immeuble imaginé par l’architecte Louis Arretche, qui abritera le CCETT, puis France Télécom jusqu’en 2007.
C’est aujourd’hui Le Mabilay, bâtiment totem de la French Tech Rennes -St Malo, où bat le cœur des nouvelles technologiques rennaises.
Situé entre Arsenal-Redon, Cleunay et Saint-Jacques-de-la-Lande, La Courrouze, ancienne zone militaire et industrielle, a longtemps été un territoire discret et méconnu. C’est désormais un éco-quartier, encore appelé à se développer, où le bâti s’insère dans le patrimoine paysager, avec mise en valeur des vestiges du passé.
Dès le milieu du XIXe siècle, le site de La Courrouze accueille des activités militaires, une école militaire et même un polygone de tir. A partir des années 1980, l’armée se réorganise, les activités militaires et industrielles cessent peu à peu. Au nord du boulevard Mermoz, c’est une zone mystérieuse cachée par un grand mur d’enceinte en pierre derrière lequel la végétation a repris sa place.
Issue d’une volonté commune entre Rennes et Saint-Jacques-de-la-Lande, la Zac La Courrouze, voit le jour en 2003. Délimité au nord par le boulevard de Cleunay, à l'est par le quartier de l'Arsenal, et à l’ouest par la rocade, le territoire à aménager est vaste : 115 ha, aussi étendu qu'une petite ville… Le projet urbain, conçu par les architectes Bernardo Secchi et Paola Vigano, ainsi que le paysagiste Charles Dard, a été labellisé eco-quartier en 2013. Une reconnaissance de l’exemplarité des opérations, intégrant mixité sociale, qualité du cadre de vie et d’aménagement durable.
La Courrouze comprend onze secteurs. Elle accueillera, en plusieurs phases, des logements, des immeubles d'affaires, des commerces et services, de équipements publics et, en 2020, deux stations de métro, Saint-Jacques – Gaîté et La Courrouze. Les premiers habitants ont été accueillis en 2011. A terme, le quartier comptera 10 000 habitants et 5 000 logements, ainsi que 3 000 emplois et 115 000 m² de bureaux.
Témoin historique, le 16e Groupe d'artillerie conserve sa base située au centre de la zone. Si les friches industrielles sont maintenant reconverties, les vestiges du passé industriel ont été préservés. Le mur d’enceinte a été en grande partie conservé tandis que l’une des halles abrite un lieu d’exposition.
Les maisonnettes des Cartoucheries restaurées
La rénovation des Cartoucheries fait l’objet d’une longue concertation entre l’aménageur, Territoires, et les habitants. « Lieu unique méconnu des Rennais, la nature y est très présente, préservée, et cohabite avec des ruines industrielles, qui font toute la magie du site », expliquent Dominique Krikorian et Nicolas Debray, de l’Asso des Cartoucheries. Leur projet d'aménagement des maisonnettes, l’un des lauréats du budget participatif #2, va bientôt se concrétiser, avec un démarrage des travaux à l’automne.
Le bâtiment, conçu par l'Agence Onzième Étage, comprendra une salle principale modulable ouverte sur la nature, propice à l’organisation d’événements associatifs, qui pourra aussi être louée par les familles, ainsi que des bureaux disponibles et accessibles aux acteurs locaux. Il sera animé par 3 associations : l’Asso des Cartoucheries, Badabok Café et Bing Bang Circus.
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