Au Thabor, des capteurs qui reniflent la pollution de l'air rennais
Air Breizh vient d'inaugurer au Thabor sa nouvelle station de mesure de la qualité de l'air rennais . Ses capteurs couplés à des outils d'analyse très fins permettent de déterminer la pollution urbaine de fond, en particulier les oxydes d'azote, les particules fines et désormais les pesticides qui sans surprise sont présents dans l'air ambiant à Rennes et dans la métropole.
Quel air respirent les Rennais? La réponse vient principalement de la nouvelle station de mesure de la qualité de l'air qu'Air Breizh a mise en service à la mi-décembre 2022 au Thabor, près de l'entrée Saint-Melaine, en remplacement des stations situées rue Saint-Yves et avenue des Pays-Bas (1). Elle a été inaugurée officiellement mercredi 12 juillet.
Installée à distance raisonnable des pots d'échappement (pour ne pas fausser les résultats), cette station urbaine "de fond" analyse le niveau de présence dans l'air des polluants réglementés , notamment les oxydes d'azote et les particules fines émises par le trafic routier mais aussi par le chauffage au bois ou les activités industrielles.
Deux autres stations de mesure de la qualité de l'air ciblées sur la pollution du trafic routier, en bordure des boulevards Laënnec et de la Liberté, complètent ces données qui sont toutes accessibles sur le site d'Air Breizh.
"Une qualité de l'air régulièrement mauvaise"
"Les niveaux de pollution à Rennes restent relativement stables et montrent une qualité de l'air qui est régulièrement mauvaise, en raison principalement des particules fines", relève Gaël Lefeuvre, directeur d'Air Breizh. Cela conduit à des épisodes récurrents de pollution de l'air comme celui qui a touché l'Est de la Bretagne pendant plusieurs jours en février dernier.
"Si cette pollution reste dans l'ensemble en deça des seuils de la réglementation française, elle est en revanche supérieure aux recommandations de l'Organisation mondiale de la santé, souligne le directeur d'Air Breizh. La révision des normes européennes en la matière, opérationnelles d'ici à 2025 au plus tard, imposera d'atteindre des niveaux de pollution plus bas que ceux d'aujourd'hui."
Une bonne vingtaine de pesticides dans l'air
Autre source de pollution mesurée par la station du Thabor: la présence des pesticides dans l'air qui fait l'objet d'un suivi systématique depuis le début 2022 et pour une durée de cinq ans. Air Breizh a publié début juillet 2023 un rapport d'analyse (consultable ici) sur l'année passée.
Une première campagne de mesures réalisée dès 2021 à la station de l'avenue des Pays-Bas avait démontré la présence significative des pesticides dans l'air rennais: "Nous avions détecté la présence de 26 des 77 substances que nous cherchions, dont 8 pesticides interdits parfois depuis 20 ans, souligne Gaël Lefeuvre. Cela est probablement dû à un effet rémanent de ces polluants, par exemple lorsqu'on laboure les terres dans lesquels ils se trouvent enterrés durablement."
En 2022, la situation s'est quelque peu améliorée mais elle reste préoccupante: les renifleurs d'Air Breizh ont détecté dans les stations du Thabor et de Mordelles un total de 20 substances (respectivement 19 au Thabor et 16 à Mordelles), principalement des herbicides, dont 5 sont pourtant interdites, sur les 72 substances recherchées.
"En 2022, souligne Air Breizh, les niveaux mesurés sont parfois proches : c’est le cas du prosulfocarbe pour lequel la concentration maximale relevée à Mordelles est très proche de celle mesurée au Thabor la même semaine." Les mesures des pesticides volatils réalisées au Thabor complètent donc utilement celles qui sont faites à la station de surveillance de la qualité de l'air de Mordelles, pourtant plus proche des terres agricoles.
Un état des lieux sur 5 ans
Cette étude systématique des pesticides volatils va se prolonger jusqu'en 2026. Elle est réalisée dans le cadre d'une convention avec Rennes Métropole. La collectivité souhaite disposer d'un état des lieux sur son territoire dans le cadre de son plan pour une agriculture et une alimentation durables. Il vise le "zéro pesticide de synthèse" à l'horizon 2030.
Vincent Ménard