Une œuvre monumentale bientôt restaurée

Sport et culture

C'est une œuvre dont peu de personnes se souviennent. Elle est pourtant monumentale. Haute de plus de 10 mètres, l'œuvre cybernétique de l'artiste Nicolas Schöffer, propriété de la Ville de Rennes, est en cours d'étude. Objectif : voir si elle peut être restaurée et réinstallée, et dans quelles conditions.

Imaginez un mât en mouvement haut de plus de 10 mètres, visible dès le hall du Théâtre National de Bretagne et reliant les deux étages. C'est l'incroyable sculpture cybernétique que l'artiste Nicolas Shöffer avait imaginé, en 1968, pour la Maison de la culture, actuel TNB. Quand a-t-elle été démontée ? Depuis quand est-elle dans les réserves de la Ville ? "Mes recherches me font penser qu'elle a dû être démontée en 1988, au moment d'une restructuration de la Maison de la culture", pose Héléna Bülow, conservatrice-restauratrice du patrimoine, spécialisée dans l'art contemporain et mobilisée sur le dossier.

  • 10 mètres de hauteur

  • 22 moteurs

Ce stockage de longue date s'explique sûrement par les 10 mètres de haut de la sculpture, mais aussi par sa conception. L'œuvre comprend une vingtaine de moteurs et était initialement installée avec des projecteurs et des micros, conçue pour interagir avec les visiteurs. "Les micros captaient les sons : plus il y avait de monde, plus l'œuvre bougeait." Autant dire que peu de lieux se prêtent à une telle installation.

Une étude indispensable

Avant d'envisager tout remontage de cette tour monumentale, une étude a été lancée pour s'assurer de son état. "C'est une étape indispensable pour y voir plus clair, pose Delphine Galloy, directrice du patrimoine de la Ville de Rennes. L'étude va permettre d'avoir une idée du coût de la restauration, mais surtout de connaître les possibilités techniques de la remonter et de la faire fonctionner sans la dénaturer… tout en garantissant sa pérennité et le droit moral de l'artiste."

Sur les 22 moteurs que comptent l'œuvre, seuls 9 fonctionnent toujours, et de nombreux éléments ont été perdus lors du démontage.

Héléna Bülow, restauratrice

Après 13 jours sur site pour nettoyer et analyser l'œuvre et deux jours supplémentaires pour mener des recherches dans les archives, une semaine complète sera nécessaire à la restauratrice Héléna Bülow pour rédiger l'étude et budgéter la restauration. La suite dépendra de ses conclusions. "On sait déjà que sur les 22 moteurs que comptent l'œuvre, seuls 9 fonctionnent toujours, pose la professionnelle. De nombreux petits éléments ont aussi été perdus lors du démontage." D'autres, plus conséquents, restent également introuvables. "Il faut partir à la pêche aux infos pour retrouver le matériel manquant. On espère qu'il est stocké au TNB mais rien n'est certain."

Si elle peut être restaurée, l'œuvre fera intervenir plusieurs corps de métier : "un métallurgiste pour recréer les modules manquants, un horloger pour les différents rouages… Il y en a pour plusieurs mois". Toute la subtilité étant de savoir où s'arrêter pour ne pas dénaturer l'œuvre originelle. L'étape finale consistera à décider du lieu où cette œuvre pourrait être installée, en lien avec les ayants droit de l'artiste. Avec son gabarit et ses nombreuses contraintes, le défi est réel…