Nathalie Appéré interpelle l'État sur l'hébergement des migrants
Malgré ses quelque 900 places, le dispositif municipal d'hébergement des migrants arrive à saturation. "On n'y arrive plus" déplore la maire de Rennes, Nathalie Appéré. Elle demande à l'État de respecter ses obligations en matière d'hébergement d'urgence et d'appliquer la circulaire permettant de régulariser les exilés sans droits "dont on sait qu'ils ne quitteront jamais le territoire français". Voici la déclaration de Nathalie Appéré.
"38 enfants ont dormi dans la rue mardi soir à Rennes. C'est une situation totalement insupportable qui a des conséquences pour ces enfants mais aussi pour leurs parents et leur entourage… Lorsque je suis devenue maire en 2014, j'ai pris l'engagement personnel qu'aucun enfant ne dormirait dehors et nous avons tout fait pour y arriver.
Nous agissons depuis des années pour mettre à l'abri des exilés sans solution d'hébergement. Nous avons mis en place un dispositif municipal unique en France, qui compte aujourd'hui 900 à 950 places d'hébergement d'urgence. Mais on n'y arrive plus. La réalité fait que les personnes qui sont arrivées dans nos structures pour quelques jours y sont encore souvent plusieurs années après. Certaines familles sans papiers sont hébergées depuis 2015 voire même avant.
Ces personnes, bloquées dans une situation de non-droit, ne peuvent prétendre ni à un logement social ni à travailler alors que de nombreuses entreprises locales manquent de main d'œuvre. C'est une impasse pour ces familles qui n'entrent dans aucun dispositif, alors qu'on sait bien qu'elles ne quitteront jamais le territoire national.
Je suis révoltée d'entendre dire que la Ville de Rennes se défausse sur la préfecture, alors que nous sommes à complète saturation de nos possibilités d'hébergement et de nos capacités financières. Je veux donc redire que l'État doit respecter sa propre loi sur l'hébergement des personnes en situation d'urgence. C'est sa compétence stricte et des tribunaux administratifs l'ont récemment rappelé.
L'État doit créer davantage de places d'hébergement pour les migrants sans solution et appliquer la circulaire de 2012 sur la régularisation des sans-papiers qui de fait ne l'est plus. On ne peut plus attendre, c'est à l'État d'agir maintenant et de trouver des solutions!"
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900 à 950 c'est le nombre de places d'hébergement d'urgence de la Ville de Rennes
Source : Ville de Rennes -
58% c'est le pourcentage d'enfants parmi les personnes hébergées
Source : Ville de Rennes -
2010 c'est l'année de création du dispositif d'hébergement d'urgence à Rennes
Source : Ville de Rennes
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