Allumée un jour de 1987, TV Rennes ne s’est pas éteinte depuis. Fidèles au poste, les journalistes gentiment allumés de la petite télé locale collent au plus près de l’actualité du territoire, depuis 35 ans déjà. Et quand le petit écran sort le grand jeu, il est question de François Mitterrand et de Don Giovanni, de Nirvana et de Björk, sans oublier bien sûr le Minitel et le Stade Rennais. Nous vous invitons ici à une petite rétrospective, dans la bonne humeur et avec parfois beaucoup d’humour.
Il était une fois la télévision locale. L’enfant d’un certain idéal démocratique, que d’autres nommeront le socialisme municipal. Avec la « TV du maire », c’est sûr, les habitants seraient mieux informés, et la vie publique plus transparente.
Plus de trente ans après, l’eau a coulé sous les ponts, et les nouveaux canaux ont fait irruption dans le paysage médiatique. L’avènement des réseaux sociaux aurait pu rendre TV Rennes soucieuse... et signer l’arrêt de mire de la TV locale ? Plutôt crever l’écran ! Même s'il ne fait plus forcément un tube, le petit écrin cathodique est toujours là, fidèle au poste.
Que s’est-il alors passé depuis 35 ans ? Pour le savoir, retournons en 1987, à l’époque où les télécommandes étaient encore une invention révolutionnaire. Vous êtes prêts ? Allumons la télévision, et laissons-nous guider par un programme riche en émotions.
Épisode 0
L’agenda indique mars 1987. Fidèle à sa réputation de ville pionnière, Rennes lance la première télévision locale, avec la bénédiction de François Mitterrand. Le président de la République inaugure donc le réseau câblé de Rennes, qui est également le premier réseau de fibre optique au monde. Rien que ça ! C’est comme ça, on est câblé ou on ne l’est pas, et les autres télévisions locales de l’Hexagone se contenteront du coaxial.
Épisode 1
Le prequel de cette saga audiovisuelle vous a plu, et vous attendez le nouvel épisode avec impatience ? Au cœur de l’intrigue cette fois, le premier journal télévisé de TV Rennes revient sur la visite officielle du président de la République, à la faveur d’un entretien exclusif. Nous sommes le 23 mars 1987, et le câble fait le printemps rennais. « Il y a longtemps que j’ai appris à aimer Rennes », déclare François Mitterrand, ajoutant que ses « parents ont longtemps habité en Bretagne ». En terrain conquis, le socialiste évoque « ces batailles toujours rudes, et souvent gagnées en Bretagne », sous le regard du maire Edmond Hervé, resté en coulisses.
Plus de mille personnes sont venues au Triangle pour revivre la visite officielle du président, avec comme animateur un certain PPDA. Rennes vient de mettre les pieds dans le PAF, tandis que François Mitterrand anticipe déjà les risques d’une civilisation de l’image. Certes, ajoute-t-il, « il convient de faire avec son temps ».
Trois personnes présentes au début de l’aventure sont encore dans l’équipe aujourd’hui : le directeur de l’information, Stéphane Besnier ; le directeur technique Lê Quang Bui et la responsable de la programmation Annie Abgrall.
Épisode 2
Le temps d’un petit bond dans le temps, et nous nous retrouvons en 1989, pour la première retransmission du conseil municipal de Rennes. Au centre des préoccupations, le débat sur le choix d’un mode de transports en commun en site propre, promet d’être animé. Les Rennais ne s’y sont pas trompés, et son venus en nombre pour assister aux échanges. « C’est de l’avenir de Rennes et de l’agglomération dont il va être question tout au long de la soirée », déclare Edmond Hervé. Le maire de Rennes va tenir le cap face au scepticisme de certains élus.
TV Rennes a gardé l'antenne jusqu'à 5 heures du matin ! À l'époque, la chaîne comptait entre 400 et 500 abonnés, et nous pouvons estimer qu'une quinzaine de personnes étaient devant leur poste ce soir là. Une bande de privilégiés, en somme.
Épisode 3
Si le Stade Rennais vise aujourd’hui le toit de l’Europe, cela n’a pas toujours été le cas, et le club breton s’est longtemps morfondu dans l’ombre de l’élite, en deuxième division. En cette fin de saison 1989-1990, les Rouge et Noir tiennent leur chance de remontée, à l’occasion du derby contre Lorient. Héros du jour, François Denis et Jean-Christophe Canot envoient Rennes en première division. TV Rennes est évidemment sur le bord du terrain, pour permettre aux téléspectateurs de vivre l’événement, en pleine petite lucarne évidemment.
Épisode 4
Inscrite dans l’ADN de TV Rennes, la culture occupe une place de roi dans sa programmation, à l’image de l’émission « Pchiittt », nous emmenant régulièrement en mobylette aux quatre coins de la ville. En ce soir de décembre 1991, Nirvana fait sensation, à l’occasion des incontournables Trans Musicales, devant plus de 10 000 personnes subjuguées. Le public déchaîné pousse contre les barrières, et Kurt Cobain se surpasse. Le grunge est dans la place et le tube Smells Like Teen Spirit transforme le Liberté en chaudron. Le concert s’achève sur une épique reprise des Who. Les musiciens cassent leurs instruments, à l’exception de la guitare de Kurt Cobain, offerte à un spectateur. Les uns adorent, les autres protestent. Trois ans plus tard, tout le monde pleure sa disparition.
Épisode 5
Il n’y a pas que TV Rennes dans la vie, il y aussi le Minitel, gris ou rose. Une autre invention rennaise s’il vous plaît. La petite TV locale n’était pas encore née en 1981, pour le baptême du nouveau moyen de communication, mais ne manque pas l’exposition organisée à l’occasion de ses 10 ans. Minitel sans fil, ou photographique… La petite boîte semble avoir de beaux jours devant elle, comme le pense le journaliste pas vraiment visionnaire de TV Rennes : « Dans 10 ans, déclare ce dernier, le Minitel nous réservera encore de belles surprises. »
Nous connaissons la suite, le futur s’arrêtera net pour le Minitel. Internet et le bug de l’an 2000 auront raison de cette invention née dans les bureaux du Centre des télécommunications, alors situés en lieu et place des anciens abattoirs, dans l’ovni architectural dessiné par Louis Arretche.
C’est difficile à croire, mais Claude Piéplu et ses célèbres Shadoks vanteront la modernité de Rennes dans un épisode de la série, repris à l'époque par TV Rennes : le Minitel, les TransMusicales… mais surtout la nouvelle devise de la ville : « vivre en intelligence ». Incroyable, non ?
Épisode 6
Retour aux Trans Musicales, en décembre 1993, pour une seconde déflagration. Ou plutôt une éruption volcanique venue d’Islande. Venue du froid, Björk porte la salle de la Cité à incandescence, et propulse définitivement le festival Rennais dans le cercle fermé « des événements mondiaux à ne manquer sous aucun prétexte ».
Épisode 7
Après la chaleur de la salle de la Cité, les flammes de l’incendie du Parlement de Bretagne resteront à jamais gravées dans le regard médusé des Rennais. Nous sommes le 4 février 1994, et la capitale de Bretagne se remet difficilement d’un après-midi apocalyptique, marqué par de violents affrontements entre les pêcheurs bretons en colère et les forces de l’ordre. En cette fin de journée, alors que l’atmosphère de guerre civile peine à se dissiper, un autre feu couve sous les combles du Parlement de Bretagne... Une fusée de détresse mal éteinte attend patiemment la nuit pour écrire le deuxième acte de ce vendredi noir. Les flammes envahiront bientôt le toit du monument rennais pour éclairer la ville de leur sinistre lumière.
Pour l’anecdote, TV Rennes avait diffusé le même jour un reportage sur le nettoyage dans la ville. On y voyait un agent au travail près de la fontaine de la place de Coëtquen. Quelques heures plus tard, le journaliste refera le même cadrage, avec les flammes en arrière plan cette fois. TV Rennes a bien sûr suivi la reconstruction du Parlement de Bretagne, annoncée dès le lendemain de l’incendie, pendant plusieurs années. Soient plusieurs centaines d’heures de reportage. Il faut dire que les chantiers étaient beaucoup plus accessibles à l’époque.
Épisode 8
Au plus près de l’actualité et des grands événements, TV Rennes sait aussi s’intéresser à l’humanité et aux petites gens. Comme ce 24 décembre 2000, quand elle dresse le portrait de Gérard Maudet. Si les journalistes de la télévision locale sont fidèles au poste, le facteur est quant à lui resté à la Poste pendant 37 ans et demi. Aujourd’hui, c’est la dernière tournée, boulevard de Sévigné. Celui qui a « toujours le mot pour rire » raccrochera dans quelques heures sa casquette au vestiaire. Tout simplement émouvant.
Épisode 9
Nous aurions pu arrêter la mire en 2001 pour la présentation de la C5 citroën, ou le centenaire du Stade Rennais, deux autres sources de fierté rennaise. Mais nous rembobinerons le film de TV Rennes jusqu’au 5 septembre 2005, pour le lancement de l’émission « Pleine lucarne ». Sur le plateau, un certain Vincent Simmoneaux refait le match pour le plus grand plaisir du peuple rouge et noir. Et pour l’anecdote, le rendez-vous du ballon rond ne commence pas sous les meilleurs auspices : le Stade Rennais vient en effet de vivre un mois d’août calamiteux avec 16 buts encaissés…
Épisode 10
Quand TV Rennes lâche les fauves, cela donne des lions sur le plateau de l’émission rue de la Quintaine ! Des invités de prestige, vedettes du nouveau spectacle du cirque Pinder, donné à la Prévalaye. « Qui a envie d'entrer avec le lion dans la cage ? » demande le facétieux journaliste Thibault Boulais aux enfants présents dans l’assistance. Et comme la petite télé locale fait très bien les choses, c’est Ours, le fils d’Alain Souchon, qui refermera l’émission.
En revoyant ce reportage, je me dis qu’il ne serait plus possible dans les mêmes conditions aujourd’hui. Nous jouissions alors d’une grande liberté, de parole et d’action.
Épisode 11
En ce jour de l’été 2009, le grand séducteur Don Giovanni va charmer plus de 4 000 personnes, massées sur la place de la Mairie pour assister à la retransmission en direct et en haute définition, du spectacle donné au même moment sur la scène de l’opéra. Une première technologique, mais aussi une manière de rappeler que la Ville de Rennes est soucieuse d’amener la culture au plus grand nombre, même lorsque cette dernière est réputée élitiste. TV Rennes 35 et ses 50 000 spectateurs n’en manquent bien sûr pas une miette.
TVR, ce sont 50 000 téléspectateurs au quotidien. Les événements sportifs, comme la finale de l’open de tennis de Rennes, ou l’émission « Pleine lucarne », réalisent les meilleures audiences. Nous avons également « explosé » l’audimat avec le grand concert hitwest et Stromae. Nos reportages ont aujourd’hui une deuxième vie sur les réseaux sociaux. Sur Facebook, certains formats, comme ce sujet sur le club de curling de Fougères, peuvent dépasser le million de vues. Un autre, consacré à un agent ayant inventé un vélo binette pour désherber le cimetière de Vezin-le-Coquet, a fait plus de 800 000 vues ! Outre cette deuxième vie, les réseaux sociaux permettent à nos reportages de voyager au-delà des frontières de Rennes et du département, c’est une très bonne chose.
Épisode 12
Stromae aux Trans Musicales, le Johnny Halliday breton Jean-Baptiste Guégan, les inondations à Redon… Les années passent, l’eau coule sous les ponts, jusqu’à cette année 2019. À l’ère des réseaux sociaux, TVR s’attarde sur un page Facebook aux 2 millions de vues, nous racontant l’histoire de Yohann, ce jeune homme lourdement handicapé, et de son combat pour rester chez lui.
Épisode 13
Pour finir ce tour d’horizon, pourquoi ne pas passer du petit écran aux grandes toiles de cinéma ? Nous sommes en 2020, et Thibaut Boulais reçoit Bruno Collet sur le plateau de TVR. La star du cinéma d’animation en volume se rendra bientôt à Los Angeles, pour assister à la cérémonie des Oscars, où son film Mémorable a été nommé.
Il est désormais temps d’éteindre le poste et de refermer le livre de la saga TV Rennes. Mais rassurez-vous, la série continue. TVR vous promet de nouvelles saisons riches en rebondissements et en émotions.
Une exposition pour les 35 ans de TVR
TVR invite les Rennais à revivre 35 ans de reportages à travers une exposition.
Celle-ci sera visible en septembre aux Champs Libres, en octobre sur le campus The Land, et en novembre-décembre au siège du crédit mutuel de Bretagne.
La chaîne publie également régulièrement des vidés rétrospectives, n'hésitez pas à aller y jeter un coup d'œil !