Le vélo prend de la vitesse
Geste barrière ou bonne résolution écologique, le vélo fait de nouveaux adeptes avec la crise sanitaire.
Au magasin Cyclable, rue de Saint-Malo, le téléphone ne cesse de sonner depuis lundi. « De la folie. Presque un raz-de-marée. En confinement, beaucoup de clients avaient déjà passé commande », commente Simon Capdeboscq, responsable Grand Ouest de l’entreprise. La boutique a élargi ses horaires pour répondre à la demande. Les vélos à assistance électrique (VAE) et les vélos cargos ont particulièrement la cote. « Nos ventes devraient progresser de +15 % à +20 % dans les prochaines semaines. En réparation, nous ne pourrons pas prendre tout le monde. »
Même coup de sonnette à la boutique de vélos électriques Mobilect, aux Longchamps. « En une semaine, nous avons vendu cinq vélos. Soit autant que depuis l’ouverture du magasin en janvier, commente Sébastien His, le gérant. Et l’achat se fait dès la première visite. Il faut compter trois passages habituellement. »
Se remettre en selle
Chez Voula, l’envie de vélo sommeillait depuis deux ans. Le confinement a servi de déclic, à 43 ans. « Besoin de prendre l’air, de me sentir libre, d’être autonome… ». Pour son anniversaire, la professeure de Pilates s’est offert un cycle Peugeot à l’ancienne, rénové par un passionné, vendu 240 € sur Leboncoin avec panier à l’avant pour placer l’ordinateur ou le cabas. « Jusqu’à présent, j’étais très voiture. Je termine mes cours à 22h, ma fille se déplace en fauteuil roulant. La voiture est plus pratique que les transports en commun. » Mais Voula ne tenait pas à replonger dans les embouteillages aux abords de la rocade. « Le studio de danse, yoga et Pilates n’est qu’à 3 km de la maison, c’est très rapide. »
Débutante, Voula a chuté le deuxième jour, sans gravité. « Je faisais la maline. Je n’ai pas encore les réflexes du cycliste. La circulation automobile me stresse un peu. » Heureusement pour elle, Roazhon Mobility reprend ses activités de « vélo école » à partir du 2 juin. L’association proposera des sessions gratuites de formation (1h30) les mardis et mercredis. Une coup de pouce bienvenu pour tous ceux qui veulent remonter en selle et circuler en ville, en toute confiance.
Des réseaux aux pistes
Sur Facebook et Twitter, l’engouement cycliste est palpable. L’association Rayons d’action enregistre ses meilleurs scores d’audience. Likes, retweets et abonnés grimpent en flèche. L’association ne prêche-t-elle que les convaincus ? « C’est dur à dire, concède Florian Le Villain, son vice-président. Beaucoup de gens sont encore en télétravail. Il faudra attendre la rentrée. »
Pour accompagner le mouvement, la Ville de Rennes a procédé à des aménagements transitoires en balisant de nouvelles pistes cyclables sur des itinéraires stratégiques. L’association d’usagers participe au dialogue. « C’est un moment unique pour le vélo. Nous espérons que ça va durer ».
Olivier Brovelli