La manufacture des Gobelins à l'honneur au Musée des Beaux-Arts
Depuis début août 2022, le musée des Beaux-Arts de Rennes permet au public de découvrir le travail de la manufacture des Gobelins. L'occasion aussi de valoriser des œuvres souvent inédites.
"Tout est parti du démontage d'une salle consacrée à Rennes", explique Guillaume Kazerouni, conservateur au Musée des Beaux-Arts, en charge des collections d’art ancien. Dans cette salle, un mur complet était consacré aux tentures du parlement de Bretagne. En écho à l'exposition présentée en 2016, l'idée germe de proposer au public une sélection d'œuvres réalisées par la prestigieuse manufacture des Gobelins.
Le parlement, écrin des tentures de la manufacture
Autant le dire tout de suite, l'habillage des différentes pièces du parlement de Bretagne avec des tapisseries a été la plus grande réalisation de la manufacture pour un bâtiment au XIXe siècle. 20 tapisseries ont été réalisées par l'établissement pendant 30 ans. L'ensemble était destiné à deux pièces de l'édifice, La Grand'Chambre (11 tapisseries, sur l'histoire de la Bretagne) et le conseil de la Grand'Chambre (9 tapisseries).
Comme l'art de la IIIème République, ce type de savoir "a été un peu oublié, bien que ce soit une période de création intense et diversifiée" rappelle Guillaume Kazerouni. Et ces tentures (ou série de tapisseries), financées par l'État pour la ville de Rennes, ont une histoire rocambolesque ! Suite du tragique incendie du parlement en 1994, elles ont été retirées afin d'être rénovées. Envoyées dans deux ateliers de restauration différents, l'un des deux ateliers prend feu en banlieue parisienne, privant ainsi l'édifice de la moitié des tapisseries de chacune des deux tentures.
La tapisserie, tout un art !
Réaliser une tapisserie c'est tout un art et bien différent d'une simple peinture. Dans une tapisserie, on ne peut pas superposer des couleurs, certaines teintes trop proches peuvent s'égaliser avec le temps. Pour réaliser une tapisserie la notion de contraste est prédominante ainsi que le "remplissage", de bas en haut, sans vide.
À la découverte du travail des Gobelins
Heureusement, la chaîne de confection des tapisseries est stricte :
"il faut une maquette, un carton (un tableau à l'échelle de la tapisserie) et bien sûr le produit fini : la tapisserie, sachant qu'il faut près d'un mois pour réaliser 1m2, rapporte le conservateur. Même si la tapisserie n'existe plus, "des témoins de son existence subsistent, comme les maquettes ou les cartons, propriété du Mobilier National, qui étaient dans nos réserves et dans celles de la prestigieuse institution parisienne".
C'est sur cette base que l'idée "d'une mini exposition sur les Gobelins" au sein de la collection permanente prend vie. Le but ? Présenter les tapisseries, puis étendre le sujet à travers d'autres réalisations des Gobelins, "pour certaines encore jamais été exposées", ajoute Guillaume Kazerouni.
Avec à la clé, la mise en valeur de personnalités bretonnes qui ont fait l'histoire de France.
Le projet, a pu voir le jour grâce a un partenariat entre le musée des Beaux-Arts et le Mobilier National qui a consenti au dépôt de certaines œuvres. Cette nouvelle collaboration ancre davantage encore le musée de façon marquante sur la scène nationale culturelle et artistique.
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