Jobbé-Duval, un artiste breton aux beaux-arts de Rennes

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Le musée des Beaux-Arts de Rennes rend hommage à Armand-Félix Jobbé-Duval, artiste breton du 19ème siècle issu d'une célèbre famille rennaise.

Descendant d’une prestigieuse dynastie d’artistes bretons, Armand-Félix Jobbé-Duval appartient à une famille dont le destin s’entremêle étroitement avec l’histoire de Rennes. À l’issue d’une opération de mécénat participatif (Un don, un dessin), le musée des Beaux-Arts de la capitale de Bretagne a fait l’acquisition du fonds d'atelier (250 dessins) de ce peintre académique du 19ème siècle. « Ce fonds documente toute sa carrière, s'enthousiasme Guillaume Kazerouni, conservateur. On y apprend la méthode de travail d'un peintre du XIXe dans la tradition académique : esquisse, position, composition, draperie. C'est un des seuls artistes bretons de l'époque à avoir eu une carrière nationale, et l'un des rares artistes à avoir fait une carrière politique. » Une sorte de retour aux sources pour cet ensemble d’études de figures et de draperies couvrant la presque totalité des grandes commandes de décors publics reçues par le peintre. Pour mémoire, les tentures du parlement de Bretagne entretiennent la mémoire rennaise d’Armand-Felix Jobbé-Duval.

Armand-Félix Jobbé-Duval, La Fiancée de Corinthe, 1852, huile sur toile
Armand-Félix Jobbé-Duval, La Fiancée de Corinthe, 1852, huile sur toile (© Jean-Manuel Salingue/MBA Renne)
Jane Trocheris-Jobbé-Duval, mémoire intarissable de cette grande famille rennaise.
Jane Trocheris-Jobbé-Duval, mémoire intarissable de cette grande famille rennaise. (R. Volante)

La vaste palette Jobbé-Duval

Le patronyme n'est pas inconnu à Rennes : une allée se cache près de la Cité judiciaire. Mais il n'est pas simple de se retrouver dans cette galaxie d'artistes en tout genre. Rendez-vous chez Jane Trocheris-Jobbé-Duval, mémoire intarissable de la famille. L'archiviste octogénaire se fait un plaisir d'ouvrir ses nombreux classeurs qui regorgent d'articles, de portraits, de reproductions d'oeuvres et... d'arbres généalogiques. À Rennes, l'illustre lignée pointe fin XVIIIe lorsqu'en 1780, Laurent Jobbé-Duval épouse Louise Armelle de la Croix Herpin. Ils ont deux enfants, dont deux (Thomas-Félix et Louise) auront des héritiers prolixes artistiquement.

« Couturière, Louise allait ans les châteaux pour habiller ces dames et leurs filles, raconte Jane Trocherie-Jobbé-Duval. Elle a ainsi séjourné au château du Boschet, à Bourg-des-Comptes, propriété de la famille Brossays Saint-Marc, et c'est apparemment là qu'elle a conçu un fils, né de père inconnu. » L'oeil malicieux, elle montre cependant un portrait du présumé géniteur. Ce fils unique, Auguste-Louis, entre à l'école municipale de peinture. En 1843, à 24 ans, il crée son atelier de décoration, place du Parlement. Evêque de Rennes, Godefroy Brossays Saint-Marc le charge alors de décorer les plafonds de la cathédrale.

De son union avec la tapissière Henriette Guérin naissent cinq enfants, dont trois fils. Frédéric, architecte et père de Félix-Pol, illustrateur prolifique des livres de la Comtesse de Ségur. Auguste-Henri (grand-père de Jane), qui succède à son père dans l'atelier et termine la décoration de la cathédrale. Et Gaston, dont les peintures sont visibles à la salle des Fêtes de la Mairie de rennes, ou à l'hôtel de Courcy rue Martenot. Parmi les nombreux parents de Jane, également : Henri, son petit-cousin, cofondateur de la Fiac (foire internationale d'art contemporain) à Paris et des Archives de la critique d'art, à l'Université Rennes 2.

Si la Branche issue de Thomas-Félix est moins féconde, la figure de son fils Armand-Félix domine cependant. Né à Carhaix en 1821, diplômé des Beaux-arts de Paris et proche de Gauguin, il répond à des commandes de peintures monumentales pour des lieux prestigieux : Archives nationales, Théâtre de la Gaité lyrique, hôtel de ville de Lyon, églises... Il est aussi l'auteur, au Parlement de Bretagne, des plafonds intitulés La force, La Connaissance, Le Triomphe de la Vérité, l'Éloquence et la Prudence. En parallèle, il mène une carrière politique active. Laïc, franc-maçon, révolutionnaire en 1848, communard, il est élu municipale en 1871 du XVe arrondissement de Paris, où une rue porte son nom.