Ils viennent de Perpignan, Brest ou Moscou, et mesurent chaque jour leur chance d’avoir intégré la 1ère promotion de la nouvelle école du TNB. Étroitement connectée aux artistes et à la création, cette dernière n’a rien d’une tour d’ivoire, et ses vingt élèves proposeront même leur propre saison, à partir de février prochain, salle du Paradis. D'ici là, nous vous proposons de rencontrer ces étudiants, pas à pas, étapes après étapes, en mode feuilleton.
UN AIR D'OPÉRETTE PAS ORDINAIRE
Quand les metteurs en scène Madeleine Louarn et Jean-François Auguste s’attaquent au texte de Witold Gombrowicz, l’air d’ « Opérette » est d’autant plus beau qu’il est poussé par des acteurs handicapés et des élèves de l’école du TNB. Retour sur une résidence hors-norme.
C’est l’histoire d’une résidence de théâtre où la différence fait... toute la différence. L’histoire d’un double défi : mettre en scène un texte de Witold Gombrowicz réputé difficile ; le faire porter par 6 acteurs déficients mentaux de l’Atelier Catalyse, et 20 élèves à l’aube de leur carrière, de la 10e promotion de l’école du TNB.
L’entrée des altruistes
Si entrée des artistes il y a, ces derniers sont forcément altruistes. Et, « à l’image de Jean Genet et de son Funambule, la vulnérabilité peut se transformer en un formidable atout pour un acteur », ajoute Madeleine Louarn. Le public du TNB a pu le constater sur pièce, sur les planches de la salle Gabily, pendant une semaine de représentation.
Habituée à emmener le public hors des chantiers battus, l’ancienne éducatrice spécialisée a créé l’Atelier Catalyse dans les années 1980. Une compagnie de théâtre composée d’acteurs professionnels en situation de handicap. Artiste associée au TNB, elle a sauté sur l’occasion de « relever ce formidable défi, inédit, de faire travailler ensemble de jeunes acteurs et des handicapés. Cette rencontre a permis de soulever des questions passionnantes. Sur le sens, la compréhension, le mouvement… Elle a aussi créé un véritable esprit de troupe, une communauté de jeu et de gestes. »
La montagne Gombrowicz
La pièce de Gombrowicz ne relève pourtant pas de l’enfance de l’art. « C’est une pièce difficile parce qu’elle réunit 26 interprètes sur le plateau, et intègre plus de 80 costumes. » Spectacle musical détonant et carnavalesque, Opérette mélange les genres (chants, danses, humour, poésie, masques, costumes) et les effets (du rire à l’effroi). « Cette pièce est très morcelée, les 26 acteurs tissent autant de trames du récit, autant dire qu’il ne faut mieux pas en perdre une en route. »
« J’ai choisi ‘Opérette’ parce qu’elle permet aussi de révéler les autres talents, musicaux notamment, des élèves de l’école du TNB. Sur ce point, le compositeur David Neerman a eu l’intelligence de leur laisser une grande liberté. Enfin, cette pièce est suffisamment fantaisiste au niveau du langage, pour que chacun y trouve une vraie place, avec sa singularité. »
Et Madeleine de Louarn de conclure : « À force de travail, les élèves ont su rentrer dans la précision de la pièce. Je vois ‘Opérette » comme un échaffaudage délicat, une chaîne demandant un engagement total… Se soutenir est ici une nécessité."
AYMEN ET LA COMÉDIE HUMAINE
Des maths aux mots, et des théorèmes au théâtre, Aymen Bouchou a pris la tangente perpignanaise voilà deux ans pour tracer une diagonale jusqu’à Rennes. À 20 ans, le jeune talent catalan se dépense désormais sans compter pour assouvir sa passion du jeu.
Des maths aux mots, des théorèmes au théâtre, du nombre pi aux lettres de Py… À l’origine, Aymen se destinait à être compteur. Mais il était écrit que l’étudiant en mathématiques deviendrait conteur d’histoires racontées sur le mode du jeu. Bref, acteur de théâtre et de la grande comédie humaine. « Perpignan est loin de tout. Je savais juste que je voulais faire du théâtre, mais je ne savais pas comment m’y prendre. J’étais hors du monde. » Le garçon discret n’aurait jamais eu l’idée d’emprunter la voie classique des augustes conservatoires. Pas pour lui. Dont acte, il trouvera sa voix ailleurs, au bout d’une diagonale tracée entre Perpignan et Rennes.
Nous avons la chance incroyable de côtoyer au quotidien des metteurs en scène et acteurs confirmés qui jouent au théâtre chaque soir. C’est cela qui est unique.
Mais auparavant, le talent catalan intègrera « par hasard » un stage organisé par le Théâtre National de Strasbourg. « La différence avec les autres concours, c’est que c’est le jury qui vient à toi, et non l’inverse. Je trouve ça assez rassurant. » L’expérience alsacienne a transformé l’intuition en conviction. « Pendant un an, j’ai suivi les cours de metteurs en scène comme Stanislas Nordey ou Olivier Py. Rétrospectivement, je me dis que ça a été un sacré coup d’ascenseur ! »
La suite ? « Des camarades préparaient le concours pour intégrer la nouvelle école du TNB, cela a attisé ma curiosité. Au final, toutes les questions (une cinquantaine, ndlr) auxquelles on nous demandait de répondre me parlaient personnellement! Ici, on te demande plus d’être toi même que de coller à un schéma préconçu. » Au concours, il joue notamment une scène de ‘Combat de nègres et de chiens’, de Bernard-Marie Koltès. Sorti victorieux du Combat, l’acteur studieux ne manque toujours pas de punch : « Nous côtoyons quotidiennement des artistes confirmés, c’est une chance incroyable. La pluridisciplinarité de l’école, est pour moi l’autre point fort du TNB. »
OLGA ET LA CIGARETTE RUSSE
Lettone installée à Moscou, Olga Abolina a quitté la patrie de Pouchkine pour celle de Molière l’année de ses 18 ans. Sept ans de réflexion plus loin, la future comédienne est persuadée d’avoir trouvé sa voix. Au fait, ça donne quoi "Le malade imaginaire" avec un accent russe ?
Olga n’a que 25 ans, mais cela n’empêche pas ses bagages d’être déjà bien remplis. La jeune Lettone a quitté la patrie de Pouchkine pour celle de Molière l’année de ses 18 ans. Un long trait de Moscou la capitale Russe, à Toulouse la ville rose, où elle s’inscrit en fac de langues. C’est clopin clopant qu’elle rencontre le théâtre : « j’étais en train de fumer une cigarette sur un banc, quand on m’a abordée pour participer à un atelier amateur organisé à l’université. Moi, je pensais que je ne pouvais pas à cause de ma diction. »
J’ai été charmée par ce concours : on demande beaucoup de travail aux candidats, mais c’est un travail personnel, nous sommes les seules à pouvoir répondre aux questions. Je me suis découverte à travers l’écriture et les petites vidéos réalisées pour l’examen. Ici, on ne te demande pas de rentrer dans une case.
Il n’y a pas de fumée sans jeu, et Olga suit les pas d’un ami jusqu’au conservatoire. Elle n’a alors que vingt ans, et cherche toujours sa voie. « Je n’étais absolument pas intéressé par les concours : vous m’imaginez déclamant du Racine avec un accent russe ? Je savais que je voulais faire du théâtre, mais autrement. » Bonne nouvelle, « un ami installé à Rennes m’a assuré qu’au TNB, c’était différent. » La suite a tenu toutes ses promesses.
« Je me suis découverte à travers l’écriture et les petites vidéos demandées pour l’examen. Ici, on ne te demande pas de rentrer dans une case. J’étais isolée, une étrangère, mais j’ai fini par me trouver. Le choix de textes proposé pour le concours est suffisamment large pour pouvoir rester soi même, ne pas tordre sa personnalité. » Olga a notamment fait ses preuves sur « Je m’appelle Mohamed Ali », de Dieudonné Niangouna. « Je venais de découvrir les auteurs africains, c’est une toute autre écriture. Quand j’ai vu ce texte dans la liste, j’y ai vu un signe. »
MATHILDE : LE FEU AUX PLANCHES
Chez Mathilde Viseux, le théâtre n’est pas inné mais igné. Arrivée du bout du monde, la jeune brestoise a découvert à l’école du TNB un foyer ardent où elle peut laisser libre cour à sa passion.
Chez Mathilde Viseux, le théâtre n’est pas inné mais igné. La jeune femme rayonne comme le soleil, la crinière blonde flamboyante, le regard éclairé, le sourire contagieux. Tellement éblouissante qu’on en oublierait son handicap. Son handicap ? « Je ne le vois pas comme un boulet que je serais condamnée à traîner de la naissance jusqu’à ma mort. Si il fait partie intégrante de mon corps et de ma personnalité, il n’est pas l’acteur principal de ma vie. Quelque part, je suis peut-être là aujourd’hui grâce à lui.»
Mathilde est comme ça, une petite boule d’énergie partie du bout monde, le Finistère. « C’est une prof de lycée à Brest, qui m’a donné envie. » Elle a suivi comme Aymen suivi le stage « 1er acte » organisé par le TNS. « Pourvoir bosser avec Stan’ (Nordey) et Stéphane (Braunschweig), c’est juste un truc de fou. »
Pourvoir bosser avec Stan’ (Nordey) et Stéphane (Braunschweig), c’est un truc de fou. À ce moment-là, tu brûles, tu es en vie. Le plus incroyable est de prendre conscience de tout ça en même temps qu’une quinzaine d’élèves comme toi.
À Rennes, le feu a continué de brûler : « le concours m’a poussé à me poser des questions auxquelles je n’avais jamais pensé. J’en ai oublié que c’était un examen, je me suis prêtée au jeu. »
Testée sur le monologue de l’ivresse extrait du « Lac », de Pascal Rambert, et le poème « Pylade et Oreste de Pasolini », la Brestoise n’en revient toujours pas : « à l’école du TNB, nous ne sommes pas pollués par une idée de la représentation. On ne nous demande pas de tout faire pour plaire, mais d’aller au fond de nous-mêmes. D’aller là où ça brûle vraiment. »
Autant le dire, ça va être d’enfer au Paradis !
LE "MALADE" DES GENS HEUREUX
Dans quelques minutes, Aymen, Olga et Mathilde participeront à un atelier lecture du "Malade imaginaire" de Molière, animé par Arthur Nauziciel. L’occasion d’échanger sur le feu qui les anime.
Aymen : Je veux vraiment jouer ! Ce qui me plait, c’est l’idée qu’on peut rejouer une pièce mille fois, mais que ça ne sera jamais la même chose. Comme passer dans une chambre, dont la déco changerait chaque jour.
Mathilde : Pour moi, la scène, c’est un lieu où le temps s’arrête, où tout est possible. J’ai l’impression d’être un funambule sur un fil.
Aymen : Notre génération, ce sont les écrans, la vitesse… Ici, tout ça s’évanouit, ça n’a pas de prix.
Olga : Très vite, nous ne sommes plus seuls. Il y a des personnes avec qui nous cherchons des points de rencontre. Par exemple, avec Aymen, nous avons dû jouer une scène de «L’annonce faite à Marie », de Paul Claudel. Moi, je ne me sentais pas à l’aise avec ce texte. Pourtant, nous avons tous les deux été très vite dépassés par les mots, c’est une expérience incroyable !
Mathilde : Moi aussi, j’ai joué une scène en duo avec Aymen, mais ça a l’air de l’avoir moins marqué (rires, ndlr). En même temps, il s’agissait d’un texte de Marivaux…
SOUS LES COMBLES DU TNB, UN PETIT COIN DE PARADIS
Soucieux de raccourcir les distances entre formation et professionnalisation, les responsables de l'école du TNB ont eu la très bonne idée de confier aux élèves la programmation d'une petite salle située sous les combles de l'équipement rennais et nommée Paradis. Cerise sur le gâteau, ces derniers seront également co-auteurs des pièces proposées.
Quatre groupes sont constitués, animés par les metteurs en scène Julie Duclos, Phia Ménard, Gilles Blanchard et Yves-Noël Genod. À la clé, la création de quatre pièces présentées à partir du mois de février.
De l'accueil du public à la caisse en passant par la communication, la salle sera entièrement gérée par les élèves,. "C'est beaucoup de travail en plus, mais cela nous permet d'appréhender les différentes facettes de la vie d'un théâtre. Là aussi, on se répartit les rôles !", conclut Mathilde.
LA SAISON DES ÉTUDIANTS MODE D'EMPLOI
QUOI ? Quatre pièces créées par les élèves sous la direction de Julie Duclos, Phia Ménard, Gilles Blanchard et Yves-Noël Genod. Chaque pièce sera d'abord diffusée pendant une semaine, puis en alternance chaque jour de la semaine, du mardi au vendredi.
OÙ ? Au TNB.
QUAND ? À Partir de février 2020.
COMMENT FAIRE POUR RÉSERVER ? Plus d'information prochainement sur le site du TNB.
QUAND LE METTEUR ENSEIGNE
Si il tient les rênes du TNB depuis 2017, Arthur Nauzyciel est également arrivé à Rennes avec dans sa malle un projet d’école inédit : ouverture, diversité, pluridisciplinarité… Des maîtres mots résumant la pensée du metteur en scène au long cours, et la philosophie d’un lieu d’apprentissage unique en son genre.
L’école et le théâtre forment-ils un couple naturel ?
Cette idée relève de l’évidence ! J’ai moi-même été formé par Antoine Vitez, metteur en scène et grand pédagogue. Il aimait dire que l’école est le plus beau théâtre du monde. L’existence de l’école du TNB, est une des raisons qui m’ont poussées à venir à Rennes.
Quelles sont les singularités de l’école ?
Pour les étudiants, c’est une chance réelle de pouvoir regarder les artistes travailler chaque jour de la semaine. Ici, c’est une vraie fourmilière, d’autant plus que les 18 artistes associés au TNB sont très impliqués dans le projet de l’école. La circulation entre les disciplines (danse, musiques actuelles, théâtre, etc), fonde à mon sens l’autre singularité du TNB. De fait, son école est unique en France par sa pluridisciplinarité.
Comment le cursus est-il organisé ?
J’insisterai sur la 2e année, qui doit permettre aux étudiants d‘appréhender la réalité, pas toujours simple, du métier d’acteur. Par exemple, assurer une représentation est relativement simple, mais 70 dates d’affilée ? L’engagement physique et mental, la souplesse et l’endurance qui permettent de s’adapter aux attentes du metteur en scène… Tout cela est à l’ordre du jour. Enfin, les élèves vont lancer leur propre saison, dès le mois de février (voir par ailleurs). Ils se trouvent dans un contexte protégé, une sorte de cocon. C’est l’idéal pour se mettre en situation.
L'égalité d'accès et la diversité des profils semblent être une réelle préoccupation...
Nous rêvions une promotion diversifiée dans les parcours et dans les histoires. Cela passe d’abord par un concours favorisant l’égalité des chances. Le dessein est louable mais comment lutter contre la discrimination sociale ? L’idée de faire réaliser deux vidéos au smartphone par les élèves, par exemple, permet de supprimer les déplacements en train, qui peuvent se révéler coûteux. De même, le dossier de création demandé aux candidats sollicite plus l’imagination que le savoir. Ici, on cherche moins l’effet Pygmalion que d’aider les élèves à se révéler à eux-mêmes.
DES GRAINES DE TALENT AUX JARDINS D'HIVER
Quand 37 élèves de l’École du TNB et du Pont Supérieur se rencontrent, cela donne 11 lectures musicales à découvrir aux Champs Libres dans le cadre du festival littéraire Jardins d’hiver.
Quoi de plus normal, quand on s’appelle Jardins d’hiver, d’accueillir les artistes en devenir ? D’arroser les talents de demain, et de les écouter pousser ? Ce sera le cas tout au long du week-end littéraire programmé aux Champs Libres : 37 élèves de l’École du TNB et du Pont Supérieur vont croiser le faire en proposant 11 lectures musicales baptisées Ose le son.
En duo, trio ou quatuor, sur des textes de Nâzim Hikmet, Jacques Prévert ou Alain Damasio, ces formes éphémères et fugaces vont pousser un peu partout dans les allées des Champs Libres.
Pour Céleste Germe, du collectif Das Plateau aux racines du projet, « l’intérêt est de faire se rencontrer des disciplines et des pratiques artistiques différentes, de confronter les langages et d’instaurer un dialogue entre eux. » Et la metteure en scène d’ajouter : « les élèves ont disposé d’une grande liberté. Chaque forme est construite comme un objet fini. Au final, nous invitons le public à découvrir 11 pastilles aux univers singuliers. »
Pour les élèves de l’école du TNB nouvelle formule, déjà très ouverts à la pratique et aux univers artistiques très diversifiés, c’est une expérience supplémentaire. Une occasion en or de mettre la main à la page, ça ne se refuse pas.
Ose le son, 11 lectures musicales dans le cadre du festival littéraire Jardins d’hiver, les 7, 8, 9 février aux Champs Libres. Gratuit. www.leschampslibres.fr
JUSTE LA FIN DU MONDE AU PARADIS
Point fort de leur formation, les élèves de l’école du TNB jouent leur propre saison, depuis le début de l’année. Au programme : quatre pièces montées avec autant de metteurs en scène. Nous avons assisté à une répétition de l’une d’entre elles : « Juste la fin du monde (et au-delà) », de Jean-Luc Lagarce. Et pour les élèves, le début d’une grande aventure.
Un plateau presque nu, habillé d’un canapé et d’un piano. Au mur, la vidéo « immobile » d’un jeune homme assis à la table d’un café.
L’attente…
Sur scène, cinq acteurs tentent tant bien que mal de la meubler. En tentant, pourquoi pas, quelques pas de danse sur un tube de Bronski Beat. Ou, plus prosaïquement, en passant l’aspirateur. Après l’aspi vient le beau temps ?
Pas sûr…
Trac et derniers petits trucs
Ce soir, on joue salle du Paradis, sous les combles du TNB. Les élèves de la 10ème promotion de l’école s’apprêtent à y annoncer « Juste la fin du monde (et au-delà) », de Jean-Luc Lagarce. Le résumé : une famille guette anxieusement le retour de l’un des siens, après une longue absence.
« Ce texte est très proche de la vie de Jean-Luc Lagarce, qui se savait déjà condamné par le Sida. La pièce est le récit de cette journée. Venu annoncer sa mort prochaine, Louis découvre tout le mal qu’il a fait. Il ne dira rien… », éclaire Julie Duclos, artiste associée au TNB et metteure en scène chargée d’emmener les élèves jusqu’au bout du chemin : la scène.
Pour mémoire, ces derniers proposent leur propre saison depuis le mois de janvier, dans la petite salle du Paradis. Au programme : quatre pièces, montées avec autant de metteurs en scène, et qu’ils joueront chaque soir à tour de rôle. Une manière d’expérimenter le faire, et aussi de se mettre dans la peau d’un acteur professionnel. Car si jouer une pièce est une chose, le refaire chaque soir en est une autre.
Juste la fin du monde au Paradis
« Cette pièce est un très bon matériau pour les élèves : il y a cinq acteurs sur scène, il fallait donc trouver un texte pour peu de personnages. Ce dernier met en scène des situations de la vie, et propose en même temps un travail sur la langue, notamment par le biais de longs monologues. « Juste la fin du monde » condense donc un tas d’enjeux pour un jeune acteur. Enfin, les élèves peuvent prendre cette œuvre de façon très contemporaine, être créateurs de leur propre rôle. »
Avec déjà cinq pièces à son actif, la metteure en scène sait de quoi elle parle : « La transmission, c’est ce qui m’occupe aujourd’hui. Une école, c’est déjà formidable en soi. Pouvoir prendre le temps d’apprendre… Ici, y a en plus cette espèce de liberté, d’autonomie. Les élèves sont déjà dans un processus de création. »
Abel et Caïn, le fils prodigue… Les paraboles ne manquent pas dans « Juste la fin du monde » ; sans oublier « PD », ce mot lâché tel un éléphant dans un magasin de porcelaine, et qui peut faire si mal.