Egalité femmes hommes : c'est aussi pour les noms de rue

Institutions et citoyenneté
La Ville a choisi de privilégier les noms de femmes pour ses espaces publics
La Ville a choisi de privilégier les noms de femmes pour ses espaces publics (A. Loubry)

L'égalité entre les femmes et les hommes doit se voir aussi dans la rue... Pourtant, les noms de squares, espaces et  établissements publics honorent dans leur très grande majorité des hommes.  Chaque année, Rennes choisit donc de faire l'inverse.  En 2023, les noms de 11 femmes qui ont marqué leur époque sont donnés à des espaces publics.

A Rennes, sur 1923 rues dénommées, 1158 portent le nom d'une personnalité décédée qui a marqué son époque. Mais l'égalité est loin d'être acquise : on décompte 960 noms d'hommes et 198 de femmes (soit un rapport de 83 % - 17%). Pour tenter d'inverser la tendance, en 2022, 15 nouvelles dénominations dont 12 féminines et deux masculines ont été décidé par le conseil municipal : soit 86 % contre 14%.

Lors du conseil du 13 mars dernier, 11 nouveaux noms de femmes bretonnes ou étrangères ont été attribués. Leurs noms figureront prochainement sur les murs des écoles, les plaques de rues ou de cheminements doux. Présentation.

Tant de parcours de femmes rennaises, bretonnes, françaises ou étrangères sont d’exemplarité et méritent une visibilité auprès des citoyennes et citoyens qui vivent ou traversent notre ville.

Flavie Boukhenoufa, adjointe déléguée aux Relations internationales, aux relations publiques, aux cultes et à la laïcité

Miriam Makeba - Chanteuse d'ethno-jazz, militante anti-apartheid (1932-2008)

Miriam Makeba
Miriam Makeba (DR)

Miriam Makeba est une chanteuse engagée d'Afrique du Sud. Elle devient l'une des voix contre l'apartheid après sa participation au film indépendant anti-apartheid Come Back Africa du cinéaste américain Lionel Rogosin en 1959. Un positionnement qui lui vaut d’être déchue de sa nationalité. En 1956, elle écrit son plus grand succès, la chanson Pata Pata, avec laquelle elle fait le tour du monde. Elle ne cesse de prononcer des discours anti-apartheid et d’appeler au boycott de l’Afrique du Sud devant les Nations unies. En 1966, elle est la première Sud-Africaine à recevoir un Grammy Award. Elle rentre en Afrique du Sud en 1990 à l'invitation de Nelson Mandela et décède en 2008, à 76 ans, en Italie suite à un malaise.

Futur groupe scolaire dans la ZAC Baud-Chardonnet, à l'Est de la rue Rose-Valland.

Simone et Jacques de Bollardière - Militants pacifistes et écologistes (1922-2020) -(1907-1986)

Simone de Bollardière est une militante pacifiste bretonne. Elle milite pour des causes diverses : la non-violence, les sans-papiers, les Palestiniens, les paysans du Larzac. Elle s'est aussi engagée contre le projet de  centrale nucléaire à Plogoff au début des années 1980, les essais nucléaires français dans le Sahara ou pour l'écologie (avec Eaux et rivières de Bretagne) ou les écoles Diwan (en breton).
Son mari, Jacques de Bollardière est un combattant de la seconde guerre mondiale, de la guerre d'Indochine et de la guerre d'Algérie.  Il est le seul officier supérieur en fonction à avoir condamné l'usage de la torture pendant la guerre d'Algérie.

Voie existante dans le quartier de la Bellangerais anciennement dénommée square Général Jacques Pavis de Bollardière

Martha Desrumaux - Syndicaliste, résistante déportée (1897-1982)

Martha Desrumaux - Syndicaliste, résistante déportée (1897-1982)
Martha Desrumaux - Syndicaliste, résistante déportée (1897-1982) (DR)

Martha Desrumaux est une ouvrière et militante syndicale de la Confédération générale du travail (CGT) et cadre du parti communiste français (PCF). Elle s'investit durant la première moitié du 20e siècle dans de nombreuses luttes sociales afin d'améliorer les conditions de travail et de rémunération des ouvriers, en particulier dans le Nord. Durant la seconde guerre mondiale, entrée en résistance, elle est arrêtée par la gestapo le 26 août 1941 à Lille et est déportée en mars 1942 au camp de concentration de Ravensbrück pendant plus de trois ans. Elle y organise le soutien des plus faibles avec Geneviève de Gaulle-Anthonioz et Marie-Claude Vaillant-Couturier. Elle est également connue pour son engagement dans la défense des droits des femmes, leur reconnaissance et leur émancipation dans la société.

Dans la ZAC Maurepas-Gayeulles, la voie partant de la rive Est de la Rue Poullart des Places et aboutissant Avenue Rochester.

 

Joséphine Pencalet - Ouvrière militante des Penn Sardin (1886-1972)

Joséphine Pencalet
(DR)

Joséphine Pencalet est une ouvrière militante de la révolte des "penn sardin". Elle participe au mouvement de grève des sardinières à Douarnenez entre novembre 1924 et janvier 1925, réclamant notamment une augmentation de salaire. Elle est ensuite élue le 3 mai 1925 conseillère municipale sur la liste présentée par le parti communiste français. Elle participe aux séances du conseil municipal pendant près de six mois mais son élection est invalidée par le conseil d'État en novembre 1925 au motif d'être une femme. Elle reste néanmoins la première femme, et bretonne, élue à un conseil municipal.

Dans la ZAC Maurepas-Gayeulles, l'aménagement paysagé situé à l'extrémité de la rue Jean-François Boursault et de l'avenue de Rochester.

Augusta Bruchlen-Jouhaux – Syndicaliste (1899-2003)

Augusta Bruchlen-Jouhaux est une syndicaliste, résistante. Elle rejoint la Confédération générale du travail (CGT) en 1924 et étant trilingue (allemand, français, anglais), elle travaille au service international de la confédération. Elle devient la traductrice, l’interprète et l’assistante de Léon Jouhaux (fondateur et président de la Confédération générale du travail - Force ouvrière), qu'elle épousera par la suite. En février 1941, il l’envoie comme agent de liaison clandestin à Paris pour renouer avec la CGT, interdite en zone occupée. Ils sont arrêtés tous les deux en novembre 1942. Libéré par les Américains, le couple rentre à Paris le 8 mai 1945. De septembre 1949 à décembre 1971 elle est la présidente du bureau parisien du Bureau international du travail. Elle est promue chevalier (1954) puis officier (1970) de la légion d’honneur. Elle reçoit la croix de guerre avec palme et la médaille de la résistance.

Dans la ZAC Maurepas-Gayeulles, le cheminement doux partant de la rue Poullart des Places et aboutissant au square Joséphine Pencalet.

Helen Keller – Écrivaine, militante américaine (1880-1968)

Helen Keller (1880–1968)
(DR)

Helen Keller est une écrivaine activiste, conférencière et militante politique américaine. Suite à une maladie infantile, elle devient sourde, muette et aveugle. Mais cela ne l'empêche d'obtenir un diplôme universitaire.  Son autobiographie Sourde, muette, aveugle : histoire de ma vie a inspiré la pièce Miracle en Alabama, puis le film du même nom. Membre du parti socialiste d'Amérique et d’Industrial Workers of the World, elle fait campagne pour le droit de vote des femmes, les droits relatifs au travail, le socialisme, l’antimilitarisme et d’autres causes similaires. En 1964, Helen Keller reçoit la médaille présidentielle de la liberté des mains du président américain Lyndon B. Johnson. Elle décède le 1er juin 1968, à Easton dans le Connecticut, à l'âge de 87 ans.

Dans le quartier Maurepas, pour un cheminement doux partant de la rue de la Marbaudais et aboutissant sur la rue de Louvain (à proximité du Centre Kerveiza).

Anna Politkovskaia - Journaliste russe, militante des droits humains (1958-2006)

Anna Politkovskaia

Anna Politkovskaia est une journaliste russe et une militante des droits humains connue pour son opposition à la politique du président russe Vladimir Poutine. Elle commence sa carrière au journal Izvestia et elle écrit des articles pour le journal en ligne Novaïa Gazeta, partir de juin 1999. En 2001, elle se réfugie plusieurs mois en Autriche. Elle est détenue plusieurs jours en février 2001 par les forces russes en Tchétchénie. Elle reçoit en 2002 le prix Courage en journalisme de l’IWMF. Dans son dernier ouvrage "Douloureuse Russie", paru en septembre 2006, elle estime  que si une révolution éclate en Russie, elle ne sera ni orange, ni de velours, mais rouge comme le sang. Elle est assassinée à Moscou le 7 octobre 2006.

Dans la ZAC du Bois Perrin, la voie partant de la rue du Bois Perrin et venant rejoindre la Rue Dulcie September

Dulcie September - Militante sud-africaine anti-apartheid (1935-1988)

Dulcie September est une femme politique militante anti-apartheid sud-africaine.  Arrêtée en 1963 pour ses activités, elle est condamnée à cinq ans de détention. Elle quitte son pays en 1973 avec un visa de sortie permanent, et rejoint le Royaume-Uni. Elle devient permanente de l'ANC (congrès national africain) en 1976, puis est élue présidente du comité londonien pour l'année internationale de l'enfance des nations unies en 1979 avant de prendre la direction du bureau parisien de l'ANC en 1984. Le 29 mars 1988, elle est abattue de cinq balles tirées à bout portant sur le palier des bureaux de l'ANC. Dix ans plus tard, en avril 1998, le colonel Eugene de Kock, ancien chef des escadrons de la mort sud-africains, la Vlakplaas, reconnait devant la commission de la vérité et de la réconciliation (chargée de faire la lumière sur les crimes de l’apartheid) avoir commandité son meurtre.

Dans la ZAC du Bois Perrin, la voie Ouest-Est partant du Boulevard de Vitré et venant rejoindre la Rue Anna Politkovskaia

 

Fidan 'Rojbîn' Doğan – Féministe, militante kurde (1984-2013)

Fidan Dogan
(DR)

Connue sous le nom de Rojbîn, Fidan Dogan est une militante kurde féministe arrivée en France avec sa famille à l'âge de 8 ans.  Figure emblématique de la jeune femme kurde, moderne, luttant contre l’oppression turque mais aussi contre l’enfermement les femmes. Elle devient représentante du congrès national du Kurdistan (KNK). En tant que directrice du centre d’information du Kurdistan (CIK) à Paris, elle devient une véritable ambassadrice des Kurdes et un relais utile auprès de tout le mouvement associatif, de la presse, des personnalités politiques et des cabinets ministériels. La jeune femme est assassinée à Paris le 9 janvier 2013 avec deux autres militantes kurdes, Sakine Cansiz et Leyla Söylemez.

Dans la ZAC du Bois Perrin, le square situé entre le Boulevard de Vitré, la rue du Bois Perrin et la rue Dulcie September.

Thérèse Clerc - Militante féministe (1927-2016)

Therese Clerc

Thérèse Clerc a défendu la liberté de l'avortement et de la contraception (MLAC) après avoir manifesté contre les guerres d'Indochine et d'Algérie. Surnommée "Thérèse de Montreuil", elle pratique gratuitement des avortements clandestins jusqu'à la promulgation de la loi Veil en janvier 1975. Elle fonde la "Maison des femmes" (2000), ouverte aux femmes victimes de violence, en insertion ou réinsertion, puis une "Maison des Babayagas" (2012) du nom des sorcières russes, un centre autogéré pour femmes âgées. Atteinte d'un cancer, Thérèse Clerc meurt chez elle à Montreuil, le 16 février 2016. Après avoir refusé une première fois la distinction en 2000, elle est décorée de la médaille de chevalier de la légion d'honneur en 2008.

Dans le quartier Sud-Gare, pour un aménagement paysagé situé entre le boulevard de l'Yser, la rue de Châtillon et le boulevard Georges Clémenceau, dans le cadre de la réhabilitation du cœur d'îlot "La Richardière".

Harriet Tubman - Militante abolitionniste afro-américaine (1822-1913)

Harriet Tubman
(DR)

Harriet Tubman est une militante américaine pour l'abolition de l'esclavage des afro-américains,  contre le racisme et pour le droit des femmes. Victime de graves sévices alors qu'elle est elle-même réduite en esclavage, elle réussit à s'enfuir grâce au réseau d’évasion "Chemin de fer clandestin". Ses actions lui valent les surnoms de Moïse noire, grand-mère Moïse, ou encore Moïse du peuple noir. Après la guerre de sécession et l'abolition de l'esclavage aux États-Unis en 1865, elle oriente ses actions dans la lutte contre le racisme et le mouvement en faveur du droit de vote des femmes. Son souvenir est fortement honoré aux États-Unis depuis une directive présidentielle du 10 mars 1990 par la création du Harriet Tubman Day.

Dans le quartier Bréquigny, pour un rond-point situé à l'intersection des rues de Suède et de Norvège et de l'avenue du Canada.

Aller plus loin

 

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A noter la partie sur le matrimoine, qui met à l'honneur toutes ces femmes illustres.