Danse en liberté à la prison Jacques Cartier

Sport et culture
Des studios du Centre chorégraphique à la cour de la prison Jacques Cartier, le collectif Fair-e invite à réfléchir sur la notion d'enfermement
Des studios du Centre chorégraphique à la cour de la prison Jacques Cartier, le collectif Fair-e invite à réfléchir sur la notion d'enfermement (Thierry Micouin)

Du Centre chorégraphique de la rue Saint-Melaine à la cour de la prison Jacques Cartier, le collectif Fair-e invite à un grand écart chorégraphique sur deux sites, avec l’événement « Grande distribution ». L’occasion de faire bien plus que 100 pas de danse avec une quinzaine d’artistes à l’affiche.

Pour le collectif Fair-e, pas question de faire la fête là où il y a quelques années encore, des détenus étaient dans les fers, entravés, empêchés de rêver.

L’idée est plus « d’ouvrir une fenêtre intellectuelle et collective », nous éclaire Céline Gallet, co-directrice du Centre chorégraphique national de Rennes et de Bretagne. Sur la cour de la prison Jacques Cartier, certes, mais surtout sur la notion d’enfermement.

Sandrine Lescourant est intervenu pendant plusieurs années à la prison des femmes
Sandrine Lescourant est intervenu pendant plusieurs années à la prison des femmes (Compagnie Kilaï)

C’est quoi une danse dedans et une danse dehors ? À l’intérieur, sur la scène du studio du Centre chorégraphique, ou à l’extérieur, dans la cour de l’ancien établissement pénitentiaire, une quinzaine d’artistes vont se relayer pour laisser leur corps s’exprimer en toute liberté pendant quatre jours, à l’occasion d’un événement intitulé « Grande distribution. »

Lueurs en série

Les 15 et 16 juin au centre chorégraphique, et les 17 et 18 juin à la prison Jacques Cartier, les visiteurs vont ainsi pouvoir découvrir « des récits intimes interrogeant les altérités ». 

« L’idée est aussi de jouer en série des spectacles peu vus à cause du Covid, ou demandant à être rodés », ajoute Céline Gallet. De 11h à 20h, les propositions vont donc s’enchaîner dans différents espaces du centre carcéral, portés par des artistes pour la plupart locaux : Thierry Micouin et Simon Tanguy, les pionniers rennais des danses urbaines Linda Hayford et Bruce Chiefare… Sans oublier Joachim Maudet et Pac Pac, aspiré dans la spirale hip-hop à l’âge de 7 ans, et considéré aujourd’hui comme l’un des meilleurs b-boys au niveau international.

Le Rennais Pac Pac est reconnu comme un des b-boys les plus talentueux au niveau international
Le Rennais Pac Pac est reconnu comme un des b-boys les plus talentueux au niveau international (DR)

Notamment à l’origine du projet de réinsertion baptisé « Entre taule et terre », les Éditions du commun seront également présentes pendant l’événement. Elles apporteront leur témoignage, comme Alexia Stathopoulos et son expérience du théâtre carcéral, et Sandrine Lescourant, en résidence pendant plusieurs années à la prison des femmes de Rennes. « Pour intervenir souvent en milieu carcéral, le Centre chorégraphique ne sait que trop bien que la question de la suite est primordiale. Quoique il en soit, faire résonner cet ancien lieu d’enfermement est pour nous une évidence. »

L’homme est né libre et partout il est dans les fers, constata avec amertume Jean-Jacques Rousseau. À Rennes, il est dans le collectif Fair-e, et c’est beaucoup mieux.

Les 15 et 16 juin au Centre chorégraphique national de Rennes et de Bretagne ; les 17 et 18 juin à la prison Jacques Cartier. Forfait à 8 € (vous pouvez donner plus), 4 € pour les titulaires de la carte Sortir. https://ccnrb.org

Avec : Collectif Hinterland, Pac Pac, Joachim Maudet, Thierry Micouin, Bruce Chiefare, Mellina Boubetra, Sons of Wind, Sofian Jouini, Linda Hayford, Collectif ÈS, Compagnie Kilaï, Simon Tanguy.  

Jean-Baptiste Gandon