Coexister avec les animaux : les étudiants de Sciences Po Rennes planchent sur le sujet

Le 27 mars, les étudiantes et étudiants étrangers de Science Po Rennes se sont réunis à la Cité internationale Paul Ricœur pour leur hackathon annuel. Le thème de cette 8e édition ? Penser l’animal dans la ville.
Ce jeudi, ça bruisse dans les locaux de la Cité. Quelques minutes avant d’entrer en scène, le stress est palpable. Des jeunes venus d’Argentine, de Chine, de Roumanie et d’ailleurs, ont eu une journée pour réfléchir collectivement à des projets qui visent à faire de Rennes une ville zootopique.
« La ville zootopique ou zoopolis fait référence à l’ouvrage de Will Kymlicka et Sue Donaldson, philosophes canadiens, qui questionnent nos relations aux animaux dans les espaces domestiques, liminaires ou sauvages», explique Anne-Laure Meynckens, formatrice-consultante sur la question animale et marraine de l’événement.
Ça y est. C’est l’heure de présenter les idées, et ce n'est pas une mince affaire pour celles et ceux qui ne sont en France que depuis quelques mois. La diction manque parfois d’assurance, les langues accrochent certains mots, des voyelles mutent, mais les messages passent.
Chaque groupe a identifié les forces et les faiblesses de son projet, les liens possibles avec les acteurs locaux, ainsi que les moyens humains et financiers nécessaires. Le but est bien d’élaborer une stratégie réaliste afin de proposer des idées concrètes à celles et ceux qui voudront et pourront s’en emparer.
Un sujet en plein essor
Émilie Dardenne, auteure et responsable du Diplôme Universitaire Animaux et société à Rennes 2, est ravie de la créativité des propositions collectives : « La question animale, surtout au niveau local et municipal, est un sujet en plein essor depuis une dizaine d'années. Que les étudiantes et étudiants de Sciences Po s'en emparent est logique. Elles et ils seront amenés à traiter ces questions dans leur vie professionnelle. »
L’angle des animaux permet d’aborder de façon plus spécifique ce qu’on appelle « le vivant » ou « la biodiversité ». En ville, les animaux sont le maillon faible : peu compatibles avec nos modes de vie, ils ne font pas partie du paysage.
Pour cette génération, il s’agit de ne pas les exclure des débats. En dehors de toute question éthique, les protéger revient à ménager des écosystèmes dont d’autres espèces dépendent. Ioannis s’adresse au jury : « Nous avons une grande responsabilité, mais aussi un pouvoir immense. »
Et alors, ces projets ? Un centre de soins rennais dédié à la faune locale, un refuge pour animaux qui serait aussi un lieu d’insertion pour les plus démunis, des fleurs pour préserver les indispensables pollinisateurs et une coulée verte entre les différents parcs de la ville pour permettre à tous les animaux, humains et non-humains, de circuler et de cohabiter.
Pour les participants et participantes au hackathon, zootopie ne rime pas avec utopie.
Anne-Claude Jaouen