Aérosol : quand l'art fait "pschitt" au Musée des beaux-arts

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Graffiti de Futura2000 réalisé sur la scène du Bataclan pendant le New York City Rap Tour, 1982, collection particulière © Adagp, Paris, 2024
Graffiti de Futura2000 réalisé sur la scène du Bataclan pendant le New York City Rap Tour, 1982, collection particulière (© Adagp, Paris, 2024)

Quelques coups de spray et un graffiti prend vie. L'exposition "Aérosol, une histoire du graffiti" débarque le 15 juin pour animer les murs du Musée des beaux-arts dans le cadre d'Exporama. Des années 60 à nos jours, découvrez l'art du bombage sous toutes ses formes.  
 

Né dans la rue, l'aérosol s'impose comme une forme d'expression artistique plurielle, riche de plus d'un demi-siècle de pratique. Tantôt illégale, tantôt tolérée, la création peut se développer sur des palissades, des rames de métro ou en atelier.  

L'émergence du graffiti en France, de 1960 à 1986.

Des publicités de peintures aérosol destinées à l'origine à repeindre une voiture, un radiateur…au détournement de l'outil sur l'espace urbain, plus maniable et plus rapide qu'un pinceau et un pot de peinture. Les premiers exemples graffitis, outre les fameux "éphémères" de Gérard Zlotykmanien, sont des slogans revendicatifs anonymes sur les murs. "Sous les pavés, la plage" continue de nourrir notre imaginaire collectif dans une période de revendication politique en 1968.  

De Blek le Rat à Jef Aérosol, en passant par Miss.Tic, vous découvriez un mélange d'influences entre bombage anarchiste, rock et poétique avec notamment l'usage du pochoir. Jacques Villeglé, quant à lui, décolle et recadre des affiches publicitaires lacérées couvertes de graffitis par des anonymes. Et, Raymond Hains, s'amuse à intervertir les planches  d'une palissade recouverte d'une inscription à la bombe pour créer un autre message.  

Dans le milieu punk, rock, l'usage de la bombe permet une publicité gratuite. Les graffitis de groupes comme Le Marquis de Sade, envahissent les rues à l'approche des concerts, ils sont présents en photographie, sur les pochettes vinyls, et parfois même sur les tee-shirts des musiciens. La présence de Futura 2000 au concert des Clash en 1981 au Théâtre Mogador restera mémorable pour toute une génération.

À partir de 1983, de nombreux artistes s'initient au bombage :  Les Paris City Painters, les Bad Boys Crew, Epsylon Point… Les quais de Seine, les palissades de Beaubourg, du Musée du Louvre, ou encore le métro deviennent leur terrain de jeu. Le Hall of Fame, friche entre les stations de Stalingrad et la Chapelle devient un lieu culte où les bandes s'affrontent et se comparent, autour de 3 disciplines : le graffiti, le breakdance, et hip-hop.

Bien que se diffusant plus lentement en province qu'à Paris, Loly Pop, Yeman, Patrice Allain, ou Megaton amènent le graffiti à Rennes avec une vitalité similaire. 
 

Doc et Bando posant devant le graffiti « Criminal Art », Paris, 1985 © photographie Claude Abron
Doc et Bando posant devant le graffiti « Criminal Art », Paris, 1985 (© photographie Claude Abron)

La diffusion des pratiques à travers le train et le métro, de 1978 à 2020

Le patio central du Musée accueillera un 2ème volet d'exposition consacré à une vision plus large et plus récente du graffiti. En fil rouge, la pratique sur les trains, métros et tous éléments liés à cet univers ferroviaire qui permet aux œuvres de voyager. De l’underground new- yorkais avec le travail des photographes Martha Cooper et Henry Chalfant au métro parisien avec la première Whole peinte en France par DeeNasty en 1984. 

La construction de l'exposition

L'exposition est issue de la coopération étroite entre le Musée des beaux-arts de Rennes, le Musée des beaux-Arts de Nancy, et le Mucem, prêteur d'un nombre important d'œuvres de ses collections. Au printemps 2025, le Musée des beaux-arts de Nancy accueillera une partie de l'exposition. 

Ce récit pluridisciplinaire a été imaginé par des commissaires aux regards divers : 

- Jean-Roche Bouiller, Docteur en histoire de l'art contemporain et conservateur général, directeur du Musée des beaux-arts de Rennes depuis janvier 2019. 
- Claire Calogirou, Docteure en ethnologie, chargée de recherches au CNRS et chercheuse associée au Mucem. 
- Nicolas Gzeley, artiste, photographe, journaliste et archiviste du graffiti. 
- Claire Lignereux, historienne de l'art, attachée de conservation, responsable de l'art moderne et contemporain au Musée des beaux-arts de Rennes depuis novembre 2021. 
- Patrice Poch, plasticien et auteur.