Un panel planche sur la gratuité du réseau STAR

Rendez-vous était donné, le 24 avril dernier, aux différents acteurs ayant travaillé sur une mise en gratuité du réseau STAR. Après plusieurs mois de travaux les conclusions ont été rendues par le cabinet d'étude ayant accompagné la concertation citoyenne en présence d'élus et de participants au panel.
« Au départ, j'étais la première à dire oui à la gratuité des transports. Mais après avoir étudié les incidences que cela pourrait avoir, j'ai changé d'avis. » Annabelle, 54 ans, habitante de Thorigné-Fouillard est une des 26 participantes du panel de citoyens invité par Matthieu Theurier, 3e vice-président à la mobilité et aux transports de Rennes Métropole, à réfléchir à l'épineuse question de la gratuité totale des transports.
« L'ouverture de ce débat était un engagement de programme pris en 2020 » , explique l'élu, qui a choisi avec ses équipes de privilégier la démarche du panel citoyen « qui permet de prendre le temps de décortiquer tous les éléments du projet et de proposer des réponses plus élaborées. »
Elaborées et surprenantes car contre toute attente les conclusions des citoyens, présentées par le cabinet d'études Nudgers qui a accompagné cette concertation, ne sont pas en faveur d'une gratuité totale mais pour le maintien du système tarifaire solidaire actuel, indexé sur les revenus des usagers et non sur leur statut (étudiant, séniors, etc.).
Plusieurs scénarios proposés par le panel ont été étudiés en détail, avec leurs conséquences sur l'offre de transport, puisque chaque scénario ne devait pas aggraver le déficit d'exploitation actuel (une moindre recette devait être compensée par une baisse des dépenses).
Gratuité versus accessibilité
Confrontés aux réalités budgétaires engendrées par la gratuité, les citoyens ont finalement révisé leur jugement, à l'instar d'Elodie, 23 ans, étudiante en droit à Rennes. « J'utilise les transports en commun quotidiennement et je trouve le réseau qualitatif. J'avais pas envie d'avoir un service dégradé. » Avis partagé par Erwan, 48 ans, rennais, qui était lui aussi « vraiment partisan de la gratuité. Mais lors de l'étude on nous a présenté l'envers du décor. On a compris par exemple que les coûts financiers de la gratuité ne permettraient pas le développement du réseau. » Or il s'agissait là d'un point crucial pour le panel qui fait le constat de la nécessité d'une augmentation et d'une meilleure répartition de l'offre de transports au sein de la métropole.
« Chez moi, il n'y a pas beaucoup de bus et ils ne sont pas directs. Pour aller à Rennes, je prends ma voiture, ça va plus vite, déplore Dominique, 57 ans, habitant de Romillé. Et d'ajouter : Je pense qu'il n'y a pas non plus assez de lignes inter-métropolitaines. » Tarification solidaire et développement de l'offre, au terme de cette restitution, Matthieu Theurier conclut : « Le débat n'est pas celui de la gratuité mais bien celui de l'accessibilité universelle aux transports ». Débat qui selon lui est loin d'être terminé.
Sophie COURVAL.
Une émission pour aller plus loin
Le débat se poursuivra :
- sur TV Rennes, le 14 juin prochain.