L'esprit JO à la rennaise
Samedi 5 octobre, la Ville de Rennes célébrait quinze sportifs rennais ayant participé aux Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 sous les couleurs tricolores. Coachs, bénévoles et officiels étaient de la fête.
Pendant trois ans, vingt athlètes ont été soutenus financièrement par la Ville de Rennes pendant leur préparation olympique et paralympique - 3 000 € par athlète. Tous se sont engagés auprès des scolaires rennais pour échanger autour de leur pratique. Ceux qui ont eu la chance de se qualifier pour les Jeux en sont revenus enchantés – avec ou sans médaille. Alors c’était comment ?
Yann Le Goff - Nageur, CPB Rennes Natation
« Participer à la finale du relais français 4 x 200 m nage libre… C’était juste énorme. C’était un rêve que j’avais en tête depuis presque deux ans. Pour ma première compétition internationale chez les seniors, l’objectif sportif est complètement validé. Nous terminons 5e mais je réalise le meilleur temps des quatre relayeurs. Quand tu nages à domicile devant un public déchaîné - merci Léon Marchand ! - tu te sens pousser des ailes. Tu as envie de nager encore plus vite.
Quand je suis arrivé à Rennes en 2022, j’étais plutôt spécialiste de la brasse. Mes temps étaient modestes. Au CPB, j’ai trouvé un esprit d’équipe. Le groupe marche bien. L’émulation est saine. C’est important quand tu es dans l’eau à 6h du matin. Aujourd’hui, je ne trouverai pas de meilleur club pour progresser ».
Yolaine Yengo - Joueuse de rugby à VII, Stade rennais rugby
« On s’attendait à une grosse ambiance. Mais la réalité était encore plus folle. On perd en ¼ de finale. On termine 5e. C’est une grosse déception sur le plan sportif. Je visais le podium. Mais le public n’a jamais cessé de nous encourager, même dans la défaite. Je ne l’oublierai jamais.
Ces JO étaient les premiers. Ils seront aussi les derniers. C’était ma dernière sélection sous le maillot tricolore. J’ai envie d’un nouvelle challenge. Je vais réorienter mon projet sportif vers les pays de l’hémisphère sud ».
Antoine Praud - Demi-fondeur, Haute Bretagne Athlétisme (HBA)
« C’étaient mes premiers Jeux paralympiques. J’ai ramené une médaille de bronze et battu mon record personnel de 4 secondes –de 10 secondes celui de l’an passé à la même époque. J’avais conscience d’être outsider mais ma coach et mon cercle rapproché avaient bien une médaille en tête. La course est partie très vite mais quand j’ai entendu la cloche annonçant le dernier tour, j’ai senti que j’avais un coup à jouer. J’ai tout donné à ce moment-là.
Mes projets ? Poursuivre mes cours à l’INSA de Rennes et mes entraînements qui représentent 15 à 20 heures par semaine, toujours sur le 1 500m. Ça me fait de bonnes semaines, il faut être bien organisé ! »
Agathe Guillemot - Record de France du 1 500 m, Haute Bretagne Athlétisme (HBA)
« Je suis originaire du Finistère mais j’habite à Rennes depuis mon lycée où j’étais inscrite en sport-études, d’abord au pôle espoir de Cesson-Sévigné puis à l’INSA où j’étudie en cinquième année de Génie civil et urbain. Je sécurise mon parcours pro avec un diplôme et après, on verra.
Aux JO, j’ai rempli mon contrat. Je visais la finale. Je suis arrivée à la neuvième place. Je suis assez jeune dans la discipline. C’est seulement ma troisième saison. Mais c’est finalement sur 1 500m que je performe le plus et maintenant, j’y prends beaucoup de plaisir. Je m’entraîne deux fois par jour, tous les jours. Sauf le dimanche où je ne m’entraîne qu’une fois. J’ai encore deux années d’études et, côté sport, je vais rester fidèle au 1 500 mètres ».
Loris Dufay - Entraîneur adjoint de l’équipe de France de para-badminton
« L’objectif de l’équipe était de remporter trois médailles. Nous l’avons fait ! J’entraîne Faustine Noël toute l’année. La voir décrocher le bronze en double mixte fut une joie immense. C’est la récompense d’un très gros travail.
Il y a quatre ans, Faustine avait déjà remporté une médaille d’argent à Tokyo mais sans public à cause du covid ! À Paris, l’ambiance était folle. La foule nous acclamait à chaque point. Le premier jour, c’était même déstabilisant. Puis on y prend goût !
Après les Jeux, j’ai ressenti le besoin de couper avec mon quotidien. Je suis parti en voyage humanitaire en Indonésie donner des cours de badminton à des enfants dans un bidonville de Jakarta. J’avais besoin d’évacuer la pression accumulée depuis deux ans ».
Tanguy Cano Officiel - CPB Plongeon Rennes
« J’ai participé aux JO en tant qu’"officiel technique national" pour les épreuves de plongeon. Au bord du bassin, les officiels sont les garants du déroulement normal de la compétition. Ils s’assurent du respect des procédures, du règlement et de la sécurité. Ce qui n’empêche pas de suivre la compétition. Profiter d’un tel spectacle était vraiment une chance. Le niveau était incroyablement relevé. On ne peut voir ça qu’aux JO. Dans les gradins, les délégations chinoise et mexicaine étaient survoltées. L’ambiance était juste exceptionnelle.
Parmi les huit officiels en plongeon, nous étions deux Rennais. Pourquoi ? Parce que la piscine de Bréquigny est l’un des deux seuls équipements français à posséder tous les plongeoirs en intérieur (1 m - 3 m - 5 m - 7,50 m - 10 m). Quand on plonge en club à Bréquigny, on plonge comme aux JO ! »
Marc Lebel - Volontaire, agent Ville de Rennes
« À la Ville de Rennes, je travaille dans l’événementiel sportif. J’avais très envie de partager mon expérience. Je ne voulais pas rater l’occasion de vivre cette expérience unique. Avec l’accord de mon employeur et de mes collègues, j’ai pu poser trois semaines de congés. Vraiment, je les remercie.
J’ai pu participer aux deux évènements sur des missions complètement différentes. Aux Jeux olympiques, je coordonnais la flotte de transport qui convoyait les jurés, les membres des équipes et des fédérations vers les sites de compétition. Aux Jeux paralympiques, j’encadrais une équipe de volontaires en charge d’accueillir les spectateurs, les officiels, etc. Le dernier jour, on nous a autorisé à plonger dans le bassin olympique en tenue de volontaire… Un moment inoubliable ! ».
Perle Bouge - Rameuse d’aviron handisport, née à Rennes
« C’est la première fois que les athlètes handisport disposaient d’un vrai club France pour célébrer leurs résultats avec le public. Je me souviendrai longtemps de cette ferveur populaire, de ces aires de jeux remplies. Clairement, c’est plutôt inhabituel en handisport. C’est bien la preuve que l’opinion est davantage sensibilisée au sujet désormais. Je veux aussi remercier les volontaires, toujours souriants, toujours disponibles malgré la fatigue. Sans eux, les Jeux n’auraient pas été une aussi belle réussite ».
Olivier Brovelli & Dominique Vasseur