L'autodéfense féministe, un levier pour l'émancipation des adolescentes

Institutions et citoyenneté
Un rang de femmes la main en avant pour arrêter une personne.
Joun Cosmao Arjoun propose un stage d’autodéfense féministe pour les adolescentes afin de prévenir les violences. (Julien Mignot / Rennes Ville et Métropole)

Vendredi 8 mars 2024, Journée internationale pour les droits des femmes. Au Grand Cordel MJC à Rennes, Joun Cosmao Arjoun propose un stage d’autodéfense féministe pour les adolescentes afin de prévenir les violences. Au programme : des jeux, des échanges, des exercices pour s’enrichir ensemble d’outils et de solutions et gagner en confiance.

Elles sont 11 jeunes filles, âgées de 12 à 14 ans, à participer ce vendredi 8 mars 2024 à la MJC (Maison des jeunes et de la culture) à Rennes, journée internationale des droits des femmes, au stage d’autodéfense féministe, en mixité choisie*. Le lendemain sera dédié aux 14-16 ans. L’objectif : échanger et partager des outils pour se défendre et prévenir les violences, dont les filles et les jeunes femmes ne sont pas épargnées que ce soit dans la rue, à l’école, la famille ou sur Internet. « Ça ouvre des possibilités qui renforcent la confiance en soi et réduisent le sentiment d’insécurité », explique Joun Cosmao Arjoun. 

Écoute bienveillante, sororité, jeu de rôles, activités ludiques et exercices issus de l’éducation populaire, les participantes peuvent aborder des sujets tels que le consentement, le harcèlement (et cyberharcèlement) ou encore les violences sexistes et sexuelles. L’idée étant de « se concentrer sur les forces des participantes plutôt que sur les peurs et les dangers ». Diane a 12 ans et demi, et souhaite savoir comment réagir en cas de situation inconfortable. « Parfois, dans la rue, des gens bourrés m’interpellent. Je les ignore mais j’aimerais savoir comment me défendre, quelles sont les solutions, sans blesser la personne », précise-t-elle. De son côté, Violette, 14 ans, prend souvent le vélo, pour contourner ce sentiment de malaise dans la rue : « Grâce au stage, je sais maintenant comment m’en sortir, j’ai les outils, c’est très rassurant ! » 

Valoriser les réussites

À travers les jeux et une ambiance soutenante, le groupe se soude, augmentant le sentiment de confiance. Les histoires de réussite participent à cet empouvoirement : « On s’attarde sur comment elles ont réussi à se défendre et à se sécuriser. Ne pas répondre, partir en courant, hurler, demander de l’aide… » Pas de mauvaise réponse, pas de mauvaise riposte. Ici, on apprend à poser ses limites, à demander de l’aide, à gérer le stress, à déstabiliser l’agresseur, à se mettre en sécurité. Ici, on explore et pratique des techniques (physiques et verbales) utilisables dans un maximum de situations, « en espérant qu’elles n’en aient pas besoin ». 

À partir d’exemples concrets – comme « Je sors du ciné et je me sens suivie, que faire ? » - elles partagent leurs opinions et élaborent des familles de stratégies. « Ça nous permet, quand quelqu’un nous interpelle, de lui dire Stop ! », s’enthousiasme Léonie, 12 ans. En cercle ou en ligne, le groupe s’entraine, dans une ambiance joyeuse, à travailler le regard, la posture, les gestes et la parole. Faire sortir sa voix, oser dire non, imposer son choix, résister par la force de la solidarité et de son propre corps en cas de surprise.

Les jeunes femmes se bousculent pour apprendre à se défendre.
Les jeunes femmes se apprennent à se défendre. (Julien Mignot / Rennes Ville et Métropole)

On fait ensemble, sur la base de ce qu’elles proposent et on valorise les idées et solutions que l’on co-construit. Ça fait partie de l’approche féministe !

Joun Cosmao Arjoun, en charge de l'animation des stages d'autodéfense féministe

 

Réduire les risques

Face à l’étendue des violences faites aux femmes et aux enfants, les stages d’autodéfense sont reconnus comme un levier efficace pour donner des infos et des outils dès l’enfance : « Cela permet de prévenir les violences et de réduire les risques sur la santé mentale et physique. » Son programme d’autodéfense, nommé Chec’h (‘chic’ en breton et ‘bien fait pour toi’ en arabe), s’adapte aux tranches d’âge, dès 8 ans, et à la demande. « Il y a des vécus différents, selon l’âge mais aussi selon le genre, l’orientation sexuelle et affective, l’origine réelle ou supposée, le handicap… On est là pour partager des ressources, comme les numéros d’écoute, les associations militantes, le Planning familial, etc. », conclut Joun Cosmao Arjoun.

Plus d’infos sur les stages d’autodéfense féministes Chec’h : adf.joun@gmail.com

*Entre femmes, cisgenres et transgenres, et personnes non binaires.
 

Demandez le programme

Pour obtenir toutes les informations autour du 8 mars à Rennes, le programme est ici