Initiative citoyenne européenne rennaise : quel bilan un an après ?

Institutions et citoyenneté
Groupe réunis pour la restitution de l'ICE rennaise.
Un temps de restitution autour de l'initiative citoyenne européenne « garantir un accueil digne des migrants en Europe » était proposé à la Maison de quartier Villejean en présence de nombreux acteurs de la démarche. (Arnaud Loubry.)

L'initiative citoyenne européenne pour "garantir un accueil digne des migrants en Europe" n'a pas récolté assez de signatures pour être défendue à la Commission européenne. Cette mobilisation reste une "victoire" pour les personnes impliquées. Rencontre.

15 364. C'est le nombre de personnes qui ont signé la pétition "Garantir un accueil digne des migrants en Europe". On est loin du 1 million de signatures requis pour que cette initiative citoyenne européenne (ICE) soit défendue devant la Commission européenne. « C'était ambitieux et difficile à atteindre, reconnaît Christophe Fouillère, adjoint à la mairie en charge du quartier Villejean. Il faut retenir que c'était une belle mobilisation collective. » 

« C'est une victoire, parce qu'on a pu porter la parole des premiers concernés » , abonde Roukia Adame, une habitante de Villejean investie dans le projet. C'est dans ce quartier rennais que l'ICE est née. À la Maison de Quartier, l'heure est au bilan : en trois ans, ce projet a touché des centaines de personnes et dépassé de nombreuses frontières.

La jeunesse à la manœuvre

Tout est parti du quartier de Villejean avec la Maison de quartier, la MIR, les élèves du collège Rosa Parks et les associations de solidarité. Un travail collectif s'est engagé autour des droits des demandeurs d'asile. Le fruit de leur travail ? Une proposition déposée puis plébiscitée sur le site de La Fabrique Citoyenne (un dispositif de démocratie participative mis en place par la ville). Cette ICE comprend deux volets :

  • le respect des droits fondamentaux - alimentation, logement, santé - dès l'entrée des migrants sur le territoire européen, 
  • ainsi qu'une meilleure coopération entre les États membres pour accueillir les demandeurs d'asile.

Pour la défendre et récolter des soutiens, une délégation rennaise s'est rendue à Bruxelles.

Certains parlementaires nous ont accueillis les bras ouverts, ce qui donne de l'espoir, d'autres étaient moins réceptifs. La dignité est loin de faire l'unanimité.

Roukia Adame, habitante de Villejean investie dans le projet.

De Villejean à Lesbos

Garance Foglizzo.
Garance Foglizzo s'est lancée dans un DigniTour en 2023. (Arnaud Loubry.)

Garance Foglizzo a fait voyager cette ICE dans le reste de l'Union Européenne grâce au DignityTour. De Valence à Lesbos en passant par Varsovie, cette jeune diplômée en droit européen a sillonné 15 pays pendant 5 mois afin de faire connaître le projet. À l'issue de son voyage, elle a créé un fanzine bilingue qui reprend 15 propositions pour mieux accueillir les migrants.

J'ai rencontré des associations et des collectifs qui aident les exilés, des élus locaux, des avocats. C'était intéressant de voir quels combats ils portaient. Les problématiques sont différentes selon les pays. »

Garance Foglizzo, 24 ans, à l'origine du DigniTour sur les routes d'Europe.

À Rennes, un concert au 4 Bis et une journée sur le thème de la dignité à la Maison de Quartier de Villejean ont été organisés afin de sensibiliser le grand public. « C'était très fraternel » , conclut Emmanuelle Berthinier-Brié, directrice de la MIR. Même s'il n'a pas abouti, ce travail collectif a, selon les parties prenantes, nourri des discussions sur l'accueil des migrants et sur le rôle de l'Union européenne.

Hélaine LEFRANÇOIS.

 

Une initiative doublement primée !

l'Initiative citoyenne européenne pour « Garantir un accueil digne des migrants », imaginée à Rennes, a reçu le prix de l'Observatoire international de la démocratie participative et le Trophée de la participation décerné par le think tank Décider Ensemble. Plus d'informations sur les prix OIDP et Décider Ensemble.