Comment notre eau devient-elle potable ?

Environnement
canalisations dans l'usine de potabilisation de Villejean

Comment rendre potable l'eau d'une rivière ou d'un lac ? Réponse dans une usine de Villejean, où elle est purifiée avant de couler dans les robinets des habitantes et habitants de Rennes et des alentours.

L'eau qui coule de nos robinets vient d'ici. Cachés au nord du quartier de Villejean, un château d'eau dépasse des arbres et trois bâtiments blancs abritent l'usine d'eau potable. Ce site sensible, interdit d'accès, a été ouvert aux journalistes pour les dix ans d'Eau du bassin rennais, la société publique qui fournit l'eau (voir encadré).

La rivière et le barrage

Dehors, sous un mur en béton, on voit un tuyau d'un mètre de diamètre. Aujourd'hui, il transporte l'eau de la rivière du Meu, pompée à Mordelles, à plus de 10 km. « Dans quelques semaines, quand le débit de la rivière sera faible, l'eau sera prélevée dans le barrage de la Chèze », explique Estelle Desarnaud, la directrice d'Eau du bassin rennais.

Un peu trouble et marron, l'eau arrive dans un bâtiment, grand comme un gymnase. Chaque heure, il passe jusqu'à 4000 mètres cube d'eau (deux fois le volume de la piscine extérieure de Bréquigny). Sous les néons, l'eau invisible circule dans des bassins couverts. Les boues et les matières en suspension sont enlevées en moins de six heures, par un procédé appelé Pulsatube, qui accélère la décantation naturelle.

Les polluants piégés

L'eau devenue claire arrive dans un second bâtiment, couvert de panneaux solaires. « Elle n'est pas encore potable, elle contient des bactéries, des virus et des polluants invisibles », poursuit Estelle Desarnaud. Tout est filtré grâce à du charbon actif, qui piège les micropolluants, comme les résidus de pesticides et de médicaments.

Pour suivre l'eau, on marche sur une passerelle jusqu'au troisième bâtiment, entièrement vitré. Dans six grands bassins, l'eau s'infiltre à travers des lits de sable, pour perdre ses matières fines. « Chaque filtre traite 650 m3 d'eau par heure », précise Morgan Mouiche, le responsable de l'usine.

Tuyaux jaunes, rayons ultraviolets

On descend au sous-sol. Dans une ambiance de sous-marin, entre tuyaux jaunes (l'air) et vannes bleues (l'eau), six grands cubes en inox sont alignés. L'eau y reçoit des rayons ultraviolets, qui tuent les virus et bactéries. Pour compléter la désinfection, un peu de chlore est ajouté ici. L'eau est maintenant potable ! Elle coule dans une grande citerne, sous les bâtiments, puis est pompée jusqu'au château d'eau.

« L'eau part dans un tuyau, d'un mètre de diamètre, qui fait le tour de Rennes », explique Laurent Géneau, le directeur de la collectivité Eau du bassin rennais. De cette canalisation, des départs alimentent tous les quartiers et les communes autour. Chaque année, 380 000 analyses montrent que cette eau est conforme aux normes sanitaires actuelles. On peut la boire jusqu'à plus soif.

Nicolas Guillas

Depuis 10 ans, une société publique pour l'eau

En 2015, les élus locaux ont créé la société publique « Eau du bassin rennais ». Elle protège l'eau, la capte, la rend potable et la distribue dans 75 communes. La délégation à un opérateur privé était coûteuse et peu lisible pour les élus, qui ont préféré gérer les investissements. 

C'est un modèle solidaire, entre ruraux et urbains. La tarification n'est plus dégressive, car elle favorisait les très grands consommateurs, alors que l'eau est une ressource à préserver. Des associations sont associées à la gouvernance.

  • 560 000 habitants L'usine de Villejean (80 000 m3 d'eau par jour) produit, avec onze autres usines plus petites, dont celle de Rophémel (30 000 m3) et Mézières (25 000 m3), de l'eau pour 560 000 habitants dans 75 communes du bassin rennais.

  • 10 m3 Depuis 2015, chaque abonné bénéficie de 10 mètres cubes d’eau potable gratuits chaque année. La consommation moyenne annuelle est de 31 m3 par habitant, sur le bassin rennais. Cette mesure vise à garantir un accès universel à l’eau.

  • 91,3 % Le réseau de distribution géré par Eau du bassin rennais affiche un rendement très performant de 91,3%. La moyenne nationale est de 81 %. Cela signifie qu'il y a très peu de fuites sur les 4615 kilomètres de tuyaux qui courent sous nos pieds.