Animalement vôtre : le street art au pied de la bête

Certains ont cru entendre le rire des hyènes attendant leur proie, tapies sous un pont, dans le quartier de la Bellangerais. D’autres jurent avoir aperçu les traces de pas d’un jaguar, près des gradins du stade du même nom… La rumeur est fondée : vautour, mouflon, tortue, chauve-souris… Fauves ou rapaces, solitaires ou grégaires, chasseurs ou chassés, ces animaux sauvages, plus ou moins gentils, peuplent le Rennes animal de Safari Graffiti, à la faveur de peintures géantes peintes sur les murs de la ville.

Lauréate du Budget participatif 2019, l’association a en effet depuis cette date, investi la jungle urbaine, pour se lancer dans un projet de 26 fresques animalières toujours sauvages, même si parfois lettrées. « Dix-neuf sont déjà achevées, les sept dernières devraient l’être dans le courant du printemps », pose Cassandre pour Safari Graffiti.

Safari Graffiti, de l’exploration à l’exposition

Et, de même que l’arbre cache parfois la forêt, la bête cache souvent l’artiste. « Les promeneurs voient les fresques mais ne savent pas grand chose de leurs auteurs. L’idée de l’exposition ‘Animalement vôtre’ est en quelque sorte de leur renvoyer la balle. » Un dessein d’autant plus louable que ces derniers n’ont pas toujours pignon sur rue. « Les artistes de Safari Graffiti ne sont pas forcément les plus institutionnalisés, les plus connus dans le milieu du street art rennais », confirme Cassandre.

Pour l’exposition « Animalement vôtre », vingt-cinq créateurs ont été invité à interroger la part sauvage qui sommeille en nous, et part ricochet, notre capacité à manquer cruellement d’humanité. Peinture, photographie, réflexion… Pendant deux jours, c’est donc les invasions barbares à l’Hôtel Pasteur.

Un alphabet bestial mais pas bête

« Cette exposition est une manière d’ouvrir une parenthèse dans notre safari », continue Cassandre. Et la street-artist de rappeler au passage que le lettrage est également au cœur du projet de l’association rennaise, comme le confirment certaines œuvres. Au terme de cette grande aventure urbaine, les vingt-six fresques correspondront avec les 26 lettres de l’alphabet. « Lorsqu’il sera achevé, ce safari urbain se concrétisera dans les pages d’un livre abécédaire », continue la chenille ouvrière de l’association. Bestial mais loin d’être bête, cet alphabet fera le bonheur des parents amateurs de peinture urbaine et de leurs enfants fans d’éléphants et autres animaux.

Des animaux aux amis mots, une façon aussi, pour Cassandre de réunir ses pratiques de d’artiste urbaine et de bibliothécaire, tout en remettant le street art au pied de la lettre, là où tout à commencé.

Jean-Baptiste Gandon

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