Capitale de la Bretagne, quels liens Rennes a-t-elle tissé avec la culture bretonne ? Entre respect de la tradition culturelle ancestrale et l'ouverture sur le monde et la modernité, Rennes est au carrefour des identités bretonnes.
- Fête en Bretagne - Crédit Richard Volante
La première école Diwan de la métropole a été créée en 1978, à la ferme de la Harpe. Depuis, Rennes est devenu le plus grand pôle régional d'enseignement du breton. 700 élèves sont scolarisés dans les filières bilingues. En 2016, un nouveau site d'enseignement s'implantera à La Courrouze, pour former de nouveaux petits bilingues, de la crèche jusqu'au CM2. « Le pôle Skol An Emsav propose aux adultes des cours du soir et des formations longues et a largement contribué au développement de la langue, reconnait Glenn Jegou, conseiller municipal délégué à la jeunesse. Il est fréquenté par près de 300 apprenants. » La langue est aussi dynamisée par la présence de l’Office public de la langue bretonne et d'un cursus universitaire breton complet à l'Université de Rennes 2 (voir encadré).
La charte Ya d'ar brezhoneg
En 2008, la Ville de Rennes a dit : oui au breton !, en signant la charte Ya d’ar Brezhoneg avec l’Office de la Langue bretonne et a ainsi obtenu la reconnaissance de la politique linguistique mise en œuvre depuis plusieurs années. Cette politique vise à promouvoir la présence du breton dans la vie quotidienne.
La Ville poursuit aujourd'hui son engagement et a signé le 4 février 2014 le niveau 2 de la charte. Elle s'est fixée des objectifs ambitieux tels que la mise en valeur bilingue du patrimoine, la poursuite de l'installation de plaques de rues bilingues mais également la présence de la langue bretonne dans le magazine municipal. Des articles sont également rédigés en breton sur ce site internet. Vous pouvez les retrouver dans la rubrique "articles en breton". Dans une logique de cohérence, la Ville souhaite privilégier une approche globale de la place de la langue bretonne au sein des services municipaux et dans la ville ainsi que conforter l’objectif de valorisation et de transmission des patrimoines.
Le plan de politique linguistique pour le breton
En novembre 2015, le conseil municipal a voté un plan de politique linguistique en faveur du breton. L'objectif est de promouvoir la présence du breton dans la vie publique. Le plan de politique linguistique engage la Ville jusqu'en 2020.
Des associations culturelles nombreuses
Skeudenn Bro Roazhon en est le moteur. Cette entente culturelle encourage les expressions de la vitalité de la culture bretonne en fédérant 50 associations, soutenues financièrement par la Ville, qui œuvrent dans des domaines très divers : danse, musique, théâtre, audiovisuel ou sports et jeux traditionnels. Un bouillonnement qui représente plus de 4 000 adhérents. « On associe encore aujourd'hui la culture bretonne à la ruralité, à un certain folklore, explique Glenn Jegou, également directeur artistique de Skeudenn. Certes, c'est l'un des aspects de la culture bretonne. Mais la Bretagne s'est urbanisée et notre culture aussi. Rennes est le témoin de l'existence d'une culture bretonne urbaine. »
Rennes rassemble les Bretons de partout
Rennes est un bassin d'emploi, qui attire depuis plusieurs générations la population des cinq départements de la Bretagne historique. Son statut de ville fait que la langue et la culture bretonnes y sont particulièrement dynamiques. La métropole est un carrefour où les Bretons de toute la Bretagne se retrouvent. Elle bénéficie de cet apport précieux. « Quand on parle de culture bretonne, on parle d'un héritage commun à préserver, poursuit Ana Sohier, élue UDB. Mais Rennes ne tombe pas dans le travers d'entretenir seulement la tradition culturelle bretonne. Ici, la culture bretonne est vivante, elle évolue. Elle se mélange à toutes les cultures d'autres horizons. »
Le breton au quotidien
Le territoire vit au rythme d'événements bretonnants : le fest-noz géant de Yaouank et ceux de la salle de la Cité, les rencontres théâtrales en langue bretonne ou encore la fête de la Bretagne, la Fest'Yves. On trouve des livres édités en breton à la librairie L'Encre de Bretagne et des conversations en langue bretonne, aussi animées que spontanées, dans des cafés comme le Wesport Inn ou le Ty Anna Tavarn. À Rennes, lecteurs, auditeurs et téléspectateurs peuvent s'informer en breton. France 3 Bretagne, TV Rennes et France Bleu Armorique 35 proposent des émissions en langue bretonne.
Rennes 2, moteur du renouveau de la langue bretonne
Hervé Le Bihan est directeur du département breton-celtique à l'université de Rennes 2. Interview.
Comment l'université a-t-elle contribué au dynamisme du breton ?
L'histoire de la filière bretonne à l'université démarre au XIXe siècle : Rennes offrait un enseignement du celtique. À la fin du siècle, une chaire celtique est créée et l'on voit apparaître le premier cours de breton. À la fin des années 1960, deux universitaires, Léon Fleuriot et le linguiste Per Denez font un important travail de développement de la langue. Ils structurent le département en le rendant attractif, par des cours et une recherche dynamiques. Ils s'intéressent au devenir de la langue et poussent les étudiants à faire du collectage auprès des bretonnants et à exploiter cette matière. Puis, dans les années 1980, une licence de breton et un Capes sont créés. Aujourd'hui, Rennes 2 est le seul endroit en Bretagne où l'on peut bénéficier du cursus complet, jusqu'au doctorat. La filière compte aujourd'hui plus de 200 étudiants.
Cet élan se poursuit-il aujourd'hui ?
Beaucoup de nos étudiants viennent du Finistère, où ils pourraient suivre un cursus breton. Mais il y a un tel dynamisme ici que les étudiants préfèrent y venir. Rennes est attractive pour les bretonnants. Grâce à son terreau associatif fertile et sa capacité à être un lieu de rencontres intergénérationnelles. Les sédentaires rennais et les nomades étudiants sont deux communautés qui s'alimentent et dynamisent. Ici, les étudiants bretonnants ne sont pas repliés sur eux-mêmes. Une de leurs particularités est leur forte implication dans les échanges Erasmus. Ils partent en Irlande, aux Pays de Galle, en Galice ou au Pays basque espagnol. À l'oral, ils passent du breton au français dans la même phrase. Ils sont bien dans leurs baskets.
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